Au moins 70 personnes ont péri en trois jours à Baghdad dans une multitude d'attaques contre des pèlerins chiites.
La série d'attentats intervient dans un contexte politique et sécuritaire très tendu en Irak. Les services de sécurité sont en difficulté et le pays est englué depuis plusieurs mois dans une crise politique. Plus de quatre mois après les deuxièmes législatives depuis 2003, aucun gouvernement n'a été formé, et l'incertitude demeure sur le nom du prochain Premier ministre. De nombreuses voix se sont récemment élevées, à Baghdad comme à Washington, pour mettre en garde contre le risque que ce blocage faisait peser sur la sécurité du pays, en pleine phase de retrait des troupes américaines de combat. Car si les violences ont nettement diminué en Irak depuis le pic enregistré en 2006 et 2007, les groupes armés ont toujours la capacité de frapper fort.En dépit du renforcement des mesures de sécurité dans la capitale pour les commémorations du décès de Moussa Kazim ' le septième des 12 imams vénérés par les chiites ' les centaines de milliers de pèlerins rassemblés à Baghdad ont visiblement constitué une cible facile pour les rebelles. Au moins 70 personnes ont péri et plus de 400 ont été blessées depuis mardi dans une dizaine d'attentats contre les chiites dans toute la ville. Le plus sanglant a fait 28 morts et 136 blessés quand un kamikaze s'est fait exploser mercredi soir à Azamiya (nord), secteur sunnite par où passent de nombreux pèlerins en route vers le quartier chiite de Kazimiya, de l'autre côté du Tigre, où se trouve le mausolée de l'imam. Les célébrations du deuil de Moussa Kazim, mort empoisonné en prison en 799 sur ordre du calife abbasside Haroun Al Rachid selon la tradition chiite, culminaient mercredi soir.Hier, les pèlerins, dont certains venus de l'étranger, tentaient de trouver des moyens de transport pour rentrer chez eux, générant de nouveaux attroupements visés par au moins cinq attentats. Au moins 11 personnes ont péri et 111 ont été blessées, selon des sources militaire et policière. Un désordre total régnait dans certains quartiers. Des pèlerins à pied, sous un soleil de plomb, sollicitaient les automobilistes qui passaient tandis que des camions de l'armée étaient réquisitionnés pour assurer le transport public. En juillet 2009, les forces irakiennes s'étaient félicitées que ce pèlerinage annuel se soit alors déroulé sans attentat majeur. Il faisait figure de test de leur capacité d'accomplir leur mission moins de trois semaines seulement après le retrait des forces américaines des villes irakiennes. Comme en 2009, nombre d'avenues et de ponts de la capitale étaient cette année fermés à la circulation des véhicules, tandis qu'une surveillance aérienne était organisée et que vélos, motos et carrioles étaient interdits. Ce dispositif n'a cependant pas suffi à empêcher des attentats qui risquent d'éclabousser une classe politique engluée dans des tractations sans fin.Plus que 50 000 soldats US au 1er septembreLes chiites, majoritaires en Irak, sont une cible privilégiée des groupes armés sunnites. En avril 2009, deux femmes kamikazes avaient activé leurs charges explosives non loin du mausolée, tuant 65 personnes, dont 20 pèlerins iraniens, et en blessant 120 autres. Le pèlerinage lui-même avait été endeuillé en août 2005 quand au moins 965 pèlerins avaient péri dans une bousculade monstre sur un pont enjambant le Tigre entre Azamiya et Kazimiya, en raison d'une rumeur indiquant la présence d'un kamikaze.De samedi à lundi dernier, le vice-président américain Joe Biden est venu en personne faire pression sur les deux prétendants à la direction du gouvernement, le sortant Nouri Al Maliki et l'ex-Premier ministre Iyad Allawi.Il les a exhortés à mettre de côté leurs ambitions pour former au plus vite un gouvernement où toutes les communautés irakiennes seraient représentées, et ce, pour éviter que le pays ne bascule dans de nouvelles violences confessionnelles. M. Biden a également promis que le calendrier de retrait des 27 500 troupes américaines de combat restantes serait respecté. Sept ans après l'invasion qui a entraîné la chute de l'ex-président Saddam Hussein, les Etats-Unis disposent actuellement de 77 500 soldats en Irak, un contingent qui doit être ramené à 50 000 au 1er septembre alors qu'il se chiffrait à 165 000 en 2007.
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Posté Le : 09/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Tazir
Source : www.elwatan.com