Algérie

Invité du Café littéraire EMEV à Tizi-Ouzou et à Larbaa-Nath-Irathène



Invité du Café littéraire EMEV à Tizi-Ouzou et à Larbaa-Nath-Irathène
Militant nationaliste dont le parcours se confond avec la crise anti-berbériste de 1949 qui a secoué le PPA dont il était le responsable du comité fédéral de France qui a fait voter la motion favorable à la dimension amazighe de l'Algérie, Rachid Ali Yahia a été l'invité du café littéraire de Larbaâ-Nath-Irathène organisé par EMEV, entreprise spécialisée dans l'événementiel, à la bibliothèque communale de l'ex-Fort-National. Auparavant, il était à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, à l'initiative du même organisateur.Une première pour cet avocat à la retraite qui s'étonnait et, se félicitait, en même temps, du fait que c'est la première fois, depuis son retour au pays, il y a cinq ans, que les portes d'une structure étatique comme la Maison de la culture de Tizi-Ouzou s'ouvrent devant lui pour y donner une conférence et dédicacer son livre intitulé Pour une Algérie algérienne, fédérale, démocratique et sociale, essai-manifeste où il explicite son offre politique qu'il a, en outre, largement développée durant les deux rencontres en présence d'un nombreux public captivé par le récit que Rachid Ali Yahia a fait des événements relatifs à la crise dite anti-berbériste de 1949, dont il a été le témoin actif. Moins connu que son grand frère Abdenour dont il partage la profession d'avocat mais avec qui il se fait un point d'honneur d'afficher ses divergences sur le plan politique, Rachid Ali Yahia est né en 1928 à Bordj-Ménaiel, d'un père instituteur originaire d'un village de la commune d'Aït-Yahia, dans la daïra d'Aïn El- Hammam.Durant presque deux heures, il racontera comment le jeune pensionnaire du lycée de Ben-Aknoun qu'il était est devenu militant du PPA au sein duquel il sera l'adversaire avec d'autres militants de la direction du parti.Le conflit porte sur la définition de l'identité de l'Algérie. Celui qui a fait voter par une majorité écrasante des membres — 28 sur les 32 que comptait le comité de la Fédération de France du parti nationaliste — une motion portant sur l'ancrage identitaire amazigh de l'Algérie avoue n'avoir pris conscience d'une telle appartenance qu'après l'effondrement de ses convictions arabo-musulmanes qui remontent au début de son militantisme de jeunesse.Nous sommes, parlant de ses camarades militants du lycée de Ben-Aknoun, entrés au PPA avec un esprit d'alignement induit par la confusion entretenue entre Islam et arabité. Je suis victime, à l'instar de beaucoup de mes camarades, d'une aliénation identitaire à cause de la pollution de l'Islam par l'arabisme qui a donné une orientation erronée au nationalisme algérien et qui est à l'origine d'une violence qui a été fatale à beaucoup de militants.» Face à ce choix imposé par la direction du parti, «une nouvelle orientation prendra naissance, grâce à la rencontre de deux figures emblématiques, Bennai Ouali, un militant de formation autodidacte et populaire, et Ali Laimèche, l'intellectuel militant dont la mort, à l'âge de 24 ans, désorientera le groupe qui a initié la réflexion sur la doctrine de l'Algérie algérienne dont la construction s'est faite de manière progressive, selon l'orateur.C'est la traduction politique de cette doctrine, à travers le vote de la motion par le comité fédéral de France du PPA qui donnera lieu au conflit organique opposant deux factions du parti, sa direction réunie autour de Messali et le groupe des berbéristes. Dès lors, une chasse aux sorcières fut déclenchée au sein du parti contre tous les défenseurs de cette option défendue par Rachid Ali Yahia et son groupe qui comprenait en Kabylie des éléments actifs, comme Bennai Ouali, Ali Laimèche, Amar Ould Hamouda, M'Barek Aït Menguellet, Saïd Oubouzar, Ferhat Ali... Les événements donneront lieu à l'isolement de ces derniers au sein du parti ; ils furent accusés de sécessionnistes et de contre-révolutionnaires. Pire, bon nombre de ces militants, d'authentiques nationalistes ouvertement favorables à l'option révolutionnaire armée pour l'indépendance de l'Algérie, furent victimes de liquidation physique durant la révolution. «Bennai Ouali, Amar Ould-Hamoud, M'Barek Aït- Menguellet et d'autres paieront le prix de leur positionnement et de leur intransigeance à rester fidèles à leurs principes. Ils seront liquidés à cause de leur passé de berbéristes», regrettera Rachid Ali- Yahia qui dit avoir réussi à échapper à cette répression et qu'il a eu la vie sauve grâce à Omar Boudaoud, à Rabah Bouaziz, responsables au sein de la Fédération de France du FLN, ainsi qu'à d'autres militants de la même organisation paramilitaire du même parti et qui étaient proches de lui durant les années de militantisme au sein du PPA.Rachid Ali-Yahia poursuivra son action militante en faveur d'une Algérie algérienne, en créant, tour à tour, le Front de l'Algérie algérienne (FUAA) en 1976, puis, en 2002, le Rassemblement pour une Algérie algérienne fédérale (RAAF). Avec un profil du dernier des Mohicans du mouvement nationaliste et de la revendication identitaire, le parcours de Rachid Ali-Yahia reste peu connu des nouvelles générations.«On a cherché à m'emprisonner dans le passé, alors que le présent m'intéresse», dira-t-il, comme pour répondre à ceux qui cherchent à savoir si le projet politique dont il était porteur, en rentrant au pays le 27 novembre 2010, est toujours d'actualité.




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