Algérie

Investissements: Erdogan veut mettre le paquet en Algérie



Bien qu'elle soit loin d'être adepte de «la politique d'équidistance» que l'Algérie consacre pour le règlement des conflits internationaux, la Turquie compte se frayer une place économique prépondérante dans les milieux d'investissements nationaux.Les deux pays semblent vouloir enjamber les divergences qui les éloignent l'un de l'autre quand il s'agit de se positionner sur des questions internationales cruciales. La crise en Syrie montre bien que l'Algérie est loin de partager la stratégie «d'envahissement» que la Turquie emploie pour dominer les Kurdes et faire plier El Assad sur certaines questions d'intérêt régional. «Si l'Algérie est pour la préservation de l'unité nationale turque, elle ne règle pas, cependant, ses problèmes en dehors de ses frontières», soutient la diplomatie nationale. Connue pour être un pays qui fait prévaloir «une politique d'équidistance» quand il s'agit de trouver des solutions aux conflits internationaux, l'Algérie est aujourd'hui qualifiée de «puissance régionale» et de «pays stable dans la région», reconnaissent des observateurs.
Le président turc a souligné d'ailleurs hier que «l'Algérie est une île de stabilité économique en Afrique». Il l'a fait lorsque, en jugeant insuffisant le niveau des échanges commerciaux algériens avec son pays, il a demandé son augmentation sur le court terme puisque, dit-il, «nous en avons les moyens». Recep Tayyip Erdogan a prononcé hier un discours durant la tenue du Forum d'affaires algéro-turc à Alger. Il entreprend une visite officielle en Algérie depuis lundi dernier, accompagné de 8 de ses ministres et de plus de 200 hommes d'affaires issus de divers secteurs d'activités. «3,5 milliards de dollars d'échanges, c'est insuffisant, je me suis entendu avec le 1er ministre pour les augmenter à 5 milliards de dollars sur le court terme et à 10 durant les prochaines années, nous en avons les moyens et les potentialités», a affirmé le président turc. Les deux pays ont signé entre eux 7 accords dès son arrivée à Alger.
Un milliard de dollars pour la pétrochimie
«Ce sont des accords qui nous ouvrent des opportunités pour le commerce et le partenariat, l'accord d'un milliard de dollars signé avec Sonatrach pour un projet dans la pétrochimie est bon pour les deux pays, les sociétés turques sont celles qui créent le plus d'emplois en Algérie, j'ai dit aux hommes d'affaires, il faut évaluer les potentialités algériennes, avec la baisse du prix du pétrole, nous pouvons renforcer d'autres secteurs pour combler les déficits, l'Algérie est un pays très vaste, pouvant accueillir de grandes infrastructures agricoles (…)», estime-t-il. Erdogan affirme vouloir travailler avec les Algériens et développer des projets mixtes. «Dans le secteur de l'énergie, on vous garantira tous les soutiens», a-t-il assuré, en précisant que durant cette visite «nous allons régler les problèmes techniques qui se posent aux investisseurs». Les Turcs veulent, selon leur président, avancer dans le secteur alimentaire, l'acier, l'agriculture, le tourisme, l'énergie (…). Venu pour la première fois en 2014 mais en tant que 1er ministre, le président Erdogan a déclaré hier qu'«après 3 ans, je reviens pour visiter le pays des Martyrs et des héros, un pays avec lequel nous avons des relations fraternelles de 500 siècles et des relations économiques importantes, l'Algérie occupe une place particulière dans nos c?urs». Il a tenu à présenter à l'assistance algérienne, les performances chiffrées de la Turquie. Il fait savoir que «malgré la crise financière et le coup d'Etat qui a échoué en 2016, la Turquie a enregistré un taux de croissance économique de 5,7%, et malgré les problèmes, elle prévoit d'atteindre 7,5% de croissance en 2018, elle a une population active de 28,5 millions de travailleurs, elle assure des transferts sociaux pour 246 milliards de dollars, ses exportations ont atteint 36 milliards de dollars en 2008 pour être aujourd'hui à 153 milliards de dollars, ses réserves de change sont de l'ordre de 120 milliards de dollars, en 2003, nous avons remboursé sous l'égide du FMI 500 millions de dollars, aujourd'hui, c'est lui qui veut s'endetter auprès de la Turquie pour 5 milliards de dollars mais il ne les a pas pris (…)». Il n'omet pas d'évoquer le tourisme médical en Turquie à propos duquel il dit : «C'était un rêve pour moi, on a commencé à les inaugurer». La Turquie a 16.500 étudiants africains dans ses universités, a reçu 4 millions de réfugiés d'Irak et de Syrie auxquels «nous avons consacré 30 milliards de dollars», dit Erdogan, qui note que «la Turquie accorde 6 milliards de dollars d'aides aux démunis à travers le monde, elle est classée 2ème après les Etats-Unis».
Les Turcs veulent un accord de libre-échange
Pays touristique par excellence, la Turquie compte 36 millions de touristes étrangers par an, chiffre qui, selon Erdogan, a baissé à 32 millions en 2017 en raison des problèmes (…). Il indique que «le 3ème grand aéroport est en construction à Istanbul, il va être le premier dans le monde, il recevra dans un premier temps 90 millions de voyageurs et 150 millions en 2020 à la fin des travaux».
Réuni pour la première fois en 2014, le Conseil d'affaires algéro-turc est compté parmi les 43 conseils que la Turquie a mis en place avec des pays africains sur les 144 qu'elle a avec d'autres pays étrangers. «Il nous faut un accord de libre-échange entre nos deux pays», a réclamé le président du Conseil des relations économiques étrangères de Turquie, Naïl Olpak. L'orateur a rappelé les profondes relations historiques avec l'Algérie et la présence à Bursa, pendant trois ans, de l'Emir Abdelkader qui était sur les pas de Jalal Eddine Eroumi. Olpak pense que le Conseil d'affaires algéro-turc pourra faire hisser les échanges commerciaux au niveau avancé par le président Erdogan. Si dans les coulisses, les Turcs avouent ne pas être contents de la limitation de la liste des produits à importer par l'Algérie, ils veulent rebondir sur plusieurs créneaux à travers de nouveaux projets dans les pièces de rechange, l'habitat, les infrastructures de base, l'électroménager (…), mais aussi par les 800 entreprises turques présentes en Algérie. «Les principaux axes de la réunion du Conseil d'affaires sont le renforcement du partenariat et la promotion des investissements», a déclaré avant lui le président de la CACI, Laïd Benamor.
Le 1er ministre est intervenu brièvement juste avant Erdogan pour faire part de l'existence entre les deux pays «d'un accord d'amitié et de partenariat consacrant une concertation politique et une coopération technique.» Ahmed Ouyahia a affirmé que «La Turquie est le 6ème client de l'Algérie et son 7ème fournisseur, nos échanges commerciaux ont atteint près de 4 milliards de dollars en 2017, l'Algérie est le 4ème pays où les projets d'investissements sont évalués à 3,5 milliards de dollars, et assure que« l'Algérie s'empressera de réaliser tout sur quoi nous allons nous entendre.»
Le ministre de l'Industrie et des Mines a estimé pour sa part que «la présence du président Erdogan en Algérie est «un bon indicateur pour l'excellence des relations entre les deux pays, ce qui consacre le dialogue et la concertation entre eux». Il rappelle que l'Algérie et la Turquie ont lancé en partenariat deux grands projets d'investissements, le complexe de canalisations industrielles à Oran et des textiles à Relizane. «Ce complexe textile est le plus grand en Afrique, il sera inauguré dans les prochains jours», indique Youcef Yousfi.


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