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Investissements arabes en Algérie : mirages et réalités                                    A la une : les autres articles
En 2010, deux des trois plus grosses annonces d'investissements étrangers en Algérie étaient d'origine émiratie parmi lesquelles celle de EIIC pour la réalisation du mégaprojet Dounya Parc (1,8 milliard d'euros).
Le second étant celui d'Emiral pour un projet immobilier à Moretti (206 millions d'euros), alors que le troisième est un projet gazier de Total. Sur 34 projets d'IDE annoncés cette année-là, seuls 4 sont originaires des pays du Golfe pour un montant global d'un peu plus de 2 milliards d'euros, selon une étude du réseau euroméditerranéen des agences d'investissement (ANIMA), soit la moyenne de ce que l'Algérie attire en IDE bon an mal an.
Si le deuxième quinquennat du président Bouteflika a été marqué par les grandes ambitions des groupes d'investissement moyen-orientaux en termes d'approche du marché algérien, leurs intentions ont parfois laissé les observateurs perplexes.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a ainsi déclaré en 2009 que «la démarche de certains investissements arabes en Algérie n'était pas sérieuse», admettant avoir «entendu plus de discours que de propositions concrètes». L'économiste Abdelkhak Lamiri a, quant à lui, critiqué ce qu'il considérait comme «des investissements spéculatifs sans aucune valeur ajoutée» précisément, car ils sont constitués de projets immobiliers.
Contrairement à d'autres pays où ils investissent, en Algérie, «ils veulent faire que dans le court terme comme l'immobilier. L'objectif est de construire, vendre, prendre les bénéfices et repartir. Ils ne veulent pas exploiter parce qu'ils n'ont pas confiance dans un marché où les règles du jeu changent constamment», commente un conseiller en investissement international. Selon le rapport d'ANIMA 2011, les investissements du Golfe dans les pays méditerranéens comme l'Algérie «sont consentis dans quelques secteurs économiquement très rentables comme l'immobilier, le transport et les services qui représentent 40% des montants investis».
Globalement, les pays du Golfe émettent 15% à 16% des IDE dans les pays du sud méditerranéen, dont l'Algérie. Toutefois, moins de 50% de leurs intentions sont concrétisées, d'après la même source, alors que ce taux atteint entre 71% et 78% pour les Européens et les Américains, respectivement.
L'exemple du groupe Emaar, qui avait annoncé en 2007 son intention d'investir plus de 5 milliards de dollars en Algérie avant de se rétracter, illustre bien cet état de fait.
En octobre 2010, le président du Conseil national fédéral des Emirats arabes unis, Abdelaziz Abdallah Al Ghoreir, en visite de travail en Algérie, avait annoncé l'ambition de son pays de réaliser des investissements de l'ordre de 10 à 15 milliards de dollars, dans différents projets, jusqu'en 2015, notamment dans l'immobilier et le tourisme. Il avait néanmoins reconnu que le nouveau plan quinquennal de 286 milliards de dollars n'était pas sans intérêt et que si son pays obtenait 15% des projets inscrits au titre de ce plan, «il aurait réalisé un véritable succès».Au fil des années, les investisseurs arabes ont ainsi traîné en Algérie la réputation de manquer de sérieux, de concret et de rechercher le profit rapide et facile. L'affaire Djezzy a fini par convaincre les plus sceptiques.
Accointances !
Pourtant, selon Malek Serrai, expert-conseil en investissement auprès d'entreprises arabes notamment, cette perception est purement algérienne, car partout ailleurs, les investisseurs du Golfe sont considérés comme sérieux. En Algérie, ils «ont été nombreux à vouloir s'installer, mais ont été découragés par la corruption, la mauvaise interprétation des textes réglementaires et par la simulation de difficultés de tous genres de la part de l'administration centrale». C'est d'ailleurs pour cela, dit-il, qu'ils «se sont tournés vers la présidence de la République pour demander de l'aide et c'est cela qui explique des contacts directs entre la Présidence et des sociétés d'investissement du Golfe». Un argument auquel s'oppose les informations faisant état de liens étroits entre le chef de l'Etat lui-même et les monarchies du Golfe dont certaines entreprises et groupes auraient bénéficié de «largesses», notamment du concours des banques algériennes (à en croire l'information rapportée récemment par Tout sur l'Algérie). Ce concours «ne serait intervenu que tardivement», selon M. Serrai, suite aux difficultés que ces groupes ont connues avec la crise internationale.
Le problème, selon notre interlocuteur, n'est pas celui des investisseurs arabes, mais celui de l'existence en Algérie d'un «lobby constitué d'opérateurs qui refusaient la venue de ces entreprises du fait qu'elles visaient des marchés comme l'immobilier et les services et voulaient s'accaparer des surfaces importantes de terrain». Ces lobbys intervenaient même au niveau de l'ANDI pour bloquer des projets d'investisseurs venus du Golfe.
Entre 2002 et 2007, les investissements provenant de ces pays se sont chiffrés à 14,5 milliards de dollars, avait annoncé le ministre
Hamid Temmar en 2008. Au cours de cette période, les pays arabes arrivaient en tête dans la répartition des IDE hors hydrocarbures vers l'Algérie avec un montant de 6 milliards de dollars, devant l'Europe avec 3,4 milliards, l'Asie avec 800 millions de dollars et l'Amérique avec 390 millions de dollars. Toutefois, selon certaines sources, pour obtenir ces 14,5 milliards de dollars, l'ANDI a dû octroyer plusieurs milliards de dollars d'avantages fiscaux.


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