Algérie

Inutile épreuve de force



Le front social enregistre de graves développements, des situations potentiellement dangereuses, sinon menaçantes pour la stabilité du pays et qui ne semblent pas provoquer de réaction salutaire du gouvernement qui, à tout le moins, ne donne pas les signes d'une volonté de les dénouer. La question de savoir pourquoi le gouvernement tarde à répondre et trouver les solutions justes à la « protesta » et les conflits sociaux ne se pose plus avec le pourrissement de la crise dans le secteur de la Santé avec cette grève des médecins résidents. Ce qui se passe dans ce bras de fer, qui menace les fondements mêmes de la santé publique, est tout simplement une dramatique fuite en avant, sinon une cécité effrayante de l'exécutif devant les terribles attentes citoyennes.Etait-il judicieux d'employer la force publique contre des résidents au lieu d'aller à leur rencontre, non pas pour les enfermer, même brièvement, dans des commissariats, mais pour renouer un dialogue difficile sur l'avenir de la Santé en Algérie ' Là, il ne s'agit plus d'une protesta « basique », mais d'un appel d'air de toute une corporation, un dramatique « SOS » que le gouvernement ne semble pas avoir compris depuis le début. Le grief est que le recours à la force est une posture politiquement contre-productive et terriblement dangereuse, car ce recours à tout bout de champ à la force publique et plus qu'il n'en faut est de nature à nourrir potentiellement un fort sentiment d'injustice sociale, de ranc?urs, de manquement grave au respect des droits de l'homme, à la liberté tout court pourtant défendue par la Constitution. Bien plus, ce recours aux forces de police, devenu une habitude, sinon une marque de fabrique algérienne, ne peut qu'exacerber une forte exaspération politique et l'implosion sociale n'est pas loin.
L'échec du gouvernement dans la gestion des conflits, que symbolise cette crise dans la Santé ou dans l'Education, est patent, mais surtout exprime également cette incapacité des décideurs à décoder les signes d'un profond marasme social, d'une fatigue généralisée des acteurs sociaux. Des institutions. Or avec l'actuelle crise économique qui impacte fortement la paix sociale, les enjeux géostratégiques auxquels fait face le pays auraient incité le gouvernement à ne pas se disperser et se focaliser sur l'essentiel : sortir le pays du marasme financier et asseoir une économie performante, forte, qui mette le pays à l'abri de toutes les menaces. En particulier cette périlleuse dépendance des hydrocarbures. Car au lieu de multiplier les poches de tension, d'exacerber les crises sociales, de les nourrir par des postures étranges et inadaptées, le gouvernement aurait gagné à construire des ponts de communication, à aller au-devant des attentes corporatistes et les satisfaire, et, s'il n'en a pas les moyens, à les gérer au mieux des intérêts de tous.
Car la mission du moment est que tous les acteurs socio-économiques ainsi que les « institutionnels » se recentrent sur un seul objectif, celui de remettre ce pays sur les rails et le sauver d'un déraillement inéluctable si les positions des uns et des autres ne changent pas, et au premier plan les partis politiques, trop souvent absents des grandes questions nationales. Car dans la conjoncture économique et sociale actuelle, à moins d'une année de la présidentielle de 2019, s'occuper de problèmes d'intendance et bloquer toutes les issues d'une sortie de crise rapide, solide et durable, est suicidaire. Dans cette fuite en avant, le gouvernement ne devrait pas en définitive sortir vainqueur d'une épreuve de force qu'il impose à toute la société, à un moment où de forts périls menacent le pays.


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