Algérie

Introduction du pardon dans le code pénal


Introduction du pardon dans le code pénal
Le Forum de Liberté a connu, hier, une forte présence de femmes, notamment celles militant dans le mouvement associatif. Comme invitées, deux figures du mouvement féministe, très engagées sur le terrain pour les droits des femmes, des enfants et donc de la famille : l'avocate Nadia Aït Zaï et le professeur Fadhila Boumendjel-Chitour. Dans leurs discours, les deux dames se sont complétées, la première, veillant avant tout sur son regard de juriste, rehaussée d'une longue expérience notamment dans l'organisation de séminaires et conférences, la publication d'études et la formation, y compris de femmes parlementaires, et la seconde, puisant dans l'héritage patriotique familial, mais aussi dans les souffrances des victimes suivies par son association, pour tenter des interprétations politiques aux dernières initiatives du gouvernement. On notera, cependant, que concernant les violences conjugales, le Dr Chitour a articulé son intervention écrite principalement sur la clause du pardon de l'épouse à son conjoint, contenu dans le projet de loi portant amendement du code pénal.D'ailleurs, elle expliquera que le réseau Wassila et elle-même, opposés au principe de "pardon en guise de justice" et plus généralement à l'impunité, demandent "la suppression de la disposition sur le pardon". "Le pardon suivi de l'abandon des poursuites judiciaires, poursuivra-t-elle, ne fera sûrement pas cesser les violences, car on connaît bien l'inéluctable récidive dans le cycle infernal de la violence conjugale." Pour la militante, le signal fort au plan politique "est l'intrusion du droit dans la sphère privée", au sein de la famille et surtout dans l'intimité du couple. Mme Chitour ira jusqu'à comparer cette "ahurissante" clause sur le pardon aux dispositions de la Charte sur la réconciliation nationale, parce qu'elle est d'abord "anticonstitutionnelle" et admet également l'idée de "ni vérité ni justice au détriment des victimes". "Cette disposition risque de mettre les coupables sur le chemin de l'impunité", a-t-elle alerté, avant de noter que ladite clause répond aussi à "l'esprit du code de la famille qui est anticonstitutionnel". Sur un autre plan, la rencontre d'hier a enregistré des moments forts.Les participantes ont, en effet, eu droit au témoignage direct d'une citoyenne, mère d'une fille battue par son mari "dès la 1re année de leur mariage, pour lui arracher son salaire". Même l'enfant qui naîtra, dira-t-elle, est maltraité et a des difficultés à parler."Aujourd'hui, ma fille, qui est séquestrée, souffre de dépression nerveuse et ne pèse que 40 kg", a soutenu l'intervenante avant de brandir "un dossier médical" prouvant ses dires, puis de solliciter l'aide des associations féminines pour l'aider à sauver sa fille et son petit-fils qu'elle n'a pas vus depuis 2 ans. De l'avis de Me Aït Zaï, dans un cas pareil, la grande difficulté provient du silence de la première concernée par les violences conjugales.Quant au Dr Chitour, elle a estimé que ce témoignage confirme que même si les textes de loi existent, beaucoup de professionnels de la santé ne s'acquittent pas de leurs obligations, voire n'assument pas leurs responsabilités "dans le signalement de la violence". L'autre moment fort du forum a été le coup de gueule d'une moudjahida, ex-conservatrice en chef de l'historique bibliothèque de l'université d'Alger, Zoulikha Bekaddour. Pour cette dernière, "le combat des femmes a été trahi à l'Indépendance" et ces "petits bouts" d'amendement servent seulement à "nous calmer", sans regard "au parcours de la femme et de ses sacrifices" pendant la guerre de Libération nationale.Une autre intervention, qui n'est pas passée inaperçue, a été celle d'une Espagnole. S'exprimant sur la condition de certaines femmes algériennes qu'elle a certainement côtoyées, elle a déclaré tout de go : "Il y a des femmes qui sont traitées plus bas qu'un chien." Un état accablant qui en dit long sur le chemin qui reste à parcourir...NomAdresse email


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