Algérie

Interventions étrangères



Interventions étrangères
Que font les armées étrangères en Afrique, en Asie ou au Moyen Orient 'La question mérite d'être posée surtout si on rappelle qu'au terme des interventions étrangères, la crise des pays ciblés n'a pas trouvé de solution, pire, elle s'est accentuée. Les forces du monde qui décident d'intervenir dans un pays considéré en crise, ne sont pas guidées par un réel objectif de «sauver les populations», «consacrer la démocratie» ou encore «apporter le développement». La preuve est perceptible dans l'histoire même des récentes interventions conduites par certains Etats dans des pays tiers où il est facile de remarquer la variation des positions des Etats intervenants. Ces derniers peuvent pour des crises identiques, expliquer leur intervention ou non et même y apporter des justificatifs. Il s'agit donc d'intérêts qui priment et rien d'autres. Ce qui explique en grande partie, l'échec de ces interventions. Mais il s'agit, précisons-le, d'un échec de «la partie apparente» de l'intervention, celle dans laquelle l'intervenant s'est engagé à faire assoire une démocratie et développer le pays. La force étrangère ou la coalition, une fois son objectif atteint, à savoir préserver ses intérêts, ne déploiera plus d'efforts pour respecter ses engagements.En fait, les «gendarmes» du monde évoquent, selon le besoin, des chapitres de la charte des Nations unies, de l'Otan sur la solidarité des Alliés, des principes de la morale collective, la responsabilité de protéger les populations, la menace terroriste ou, moins souvent, des intérêts économiques et patrimoine mondial.Cela a été le cas, par exemple pour l'Afghanistan, qui a compté une longue série d'interventions extérieures depuis 1978. Après le 11-9-2001, les alliés des Etats-Unis ont invoqué l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord et la résolution 1386 des Nations unies, adoptée à l'unanimité, pour lancer l'opération Enduring Freedom par les Etats-Unis, visant à éliminer les bases d'Al-Qaïda central, à vaincre le régime taliban et à «reconstruire» un Etat qui a «failli».Après des années d'intervention militaire étrangère en Afghanistan, quelle est la situation aujourd'hui 'L'intervention étrangère a-t-elle permis de faire des pas importants dans l'instauration de la démocratie en Afghanistan ' S'il faut en croire les rapports publiés sur ce pays, la situation générale ne s'améliore pas et cette réalité est en contradiction flagrante avec les déclarations publiques des puissances occupantes.Quels sont alors les objectifs poursuivis par l'ensemble de l'intervention étrangère dans ce pays ' S'agit-il uniquement d'installer au pouvoir un gouvernement local favorable aux intérêts occidentaux et, en premier lieu, ceux des Etats-Unis ' Si c'est le cas, l'intervention ne serait pas justifiable même si elle conduisait dans un premier temps à l'amélioration du sort de la population. Douze ans après, les experts se demandent, en Europe au moins, s'il ne s'est pas agi d'une «guerre inutile». Et nul ne se risque à prévoir une plus grande stabilité du pays après 2014.En ce qui concerne l'Irak, le mensonge de l'administration Bush a été très vite découvert et il a été très vite compris qu'il s'agissait plutôt d'une agression contre cet Etat que d'une intervention pour détruire les armes chimiques. L'intervention américaine a détruit complètement ce pays et a regardé passivement son peuple s'entretuer.En effet à la fin de l'invasion de l'Irak (dite Opération libération de l'Irak) par la coalition menée par les Etats-Unis, le président George W. Bush avait officiellement déclaré l'achèvement des combats le 1er mai 2003, sous la bannière Mission accomplie. Toutefois, la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit à une guerre asymétrique impliquant plusieurs groupes d'insurgés, des milices, des membres d'Al-Qaïda.... Après 3 207 jours, soit huit ans et neuf mois, les forces américaines ont quitté l'Irak (18 décembre 2011) mais les violences continuent. L'institut britannique indépendant ORB, dans une publication du 28 janvier 2008, estime le nombre de morts entre 733 158 et 1 446 063 personnes. La guerre a provoqué l'exode d'au moins deux millions d'Irakiens, réfugiés à l'étranger depuis 2003. Qu'a apporté l'intervention américaine en Irak sinon la mort, la misère et la destruction !Toutes les interventions des Etats-Unis après le 11 septembre ont été justifiées par «la guerre contre le terrorisme». Cette nouvelle définition des relations extérieures américaines a permis de passer de la théorie à la pratique : il s'agit bien sûr de la concrétisation du projet du «Grand moyen Orient» redéfini par les Américains et dont les différentes guerres menées visent sa création.En Afrique, c'est plutôt Paris et Londres, anciens colonisateurs, qui ont joué un rôle important dans la déstabilisation de certains pays et de toute la région sahélo-saharienne.C'est le cas du Mali où l'initiative de l'intervention militaire de janvier 2013 est strictement française. L'action française a été décidée en riposte «immédiate à l'avancée de colonnes armées djihadistes en direction de la capitale Bamako». L'objectif a été de stopper puis de refouler et enfin de casser le noyau dur des terroristes. Mais pourquoi une action dans l'urgence alors que la crise malienne durait depuis janvier 2012 ' Peut-être l'intervention éclair de la France est-elle motivée par un accord entre le gouvernement malien et la France pour exploiter ses ressources minières ' Le sous-sol malien fait partie des plus riches du continent noir. Il contient des ressources minières variées comme l'or, le quartz, les carbonates, le bois silicifié, les minéraux liés aux pegmatites et aux métamorphismes, ainsi que du pétrole. Et la question la plus importante est de connaître les conséquences de cette intervention militaire française ' Il s'agit, il faut encore le souligner, de la déstabilisation de toute la région du Sahel. Cela a été le cas également avec la Libye où l'initiative d'intervention est venue de Paris et de Londres, seuls, avec comme argument initial de mettre en ?uvre le principe nouveau de «responsabilité de protéger» les populations et les rebelles «massacrés» par Kadhafi. Les conséquences de cette intervention ont été des plus dévastatrices pour la région qui paye aujourd'hui encore les conséquences. Kadhafi exécuté, la Libye, abandonnée, s'entretue. Le Sahel est face à plusieurs menaces : les katibas d'Aqmi, chassés du Mali, se sont installées dans le sud-ouest de la Libye, les armements dérobés dans les arsenaux libyens ont été retrouvés au Mali et en Algérie et des aides financières ont été données par Aqmi aux groupes de shebab en Somalie....Dans cette série d'interventions, seule la Syrie a échappé au lot en raison du soutien russe.Et heureusement d'ailleurs parce que dans tous les pays où une intervention étrangère a eu lieu et une fois que les forces militaires quittent le terrain d'intervention, c'est le chaos.Il faut dire enfin que ces nouveaux termes que ce soit celui de «Guerre contre le terrorisme» ou encore celui de «protéger les populations» de par la largeur de leur concept, laissent le champ libre à des pratiques illégales.La lutte basée sur un concept vague et unilatéral ne peut que dégrader la situation et faire de l'idée de démocratisation du Monde arabe ou africain, un projet perçu par la population comme un concept colonialiste. La question qui se pose réellement est de savoir de quelle manière saura-t-on que la «guerre contre le terrorisme» a pris fin et quelles sont les frontières entre le principe de responsabilité de protéger (ONU, 2005) et la notion de respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats 'H. Y.




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