Au peu d'informations crédibles et assumées sur la tenue ou pas de la prochaine élection présidentielle, prévue au mois d'avril prochain, s'interposent des actions de partis de la majorité et de l'opposition qui s'évertuent à lancer des ballons-sondes sur un report potentiel de cette échéance. Au milieu du gué, il y a toutes les interrogations de l'opinion publique sur la direction qu'est en train de prendre le pays. Car l'agenda politique des uns, ceux des partis de la majorité, n'est pas celui de l'opposition qui pense que la présidentielle de 2019 ne sera pas zappée. Et, il y a également les autres acteurs potentiels, au premier chef ceux qui sont en amont de la vie économique et sociale du pays. Ces milieux de décideurs économiques, privés ou publics, dont les décisions d'investissement, d'embauche, de redéploiement de l'outil de production sont prises en tenailles par une formidable lutte de positions entre clans proches du pouvoir, entre partis politiques tout autant proches du pouvoir et l'opposition, qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un minimum de cohésion décisionnelle pour éviter des aventures politiques désastreuses sur le plan économique, social.L'actualité politique du moment a évolué terriblement, passant des certitudes d'un 5ème mandat aux incertitudes sur la tenue même de cette élection présidentielle. L'évolution de la situation politique est telle que peu ont pu décrypter, lors du limogeage de Djamel Ould Abbès, qu'un autre scénario à l'agenda politique du pays serait en train de prendre forme. Comme une sorte de « plan B » dans le cas d'une non-candidature du président pour un 5ème mandat. La prouesse des tenants de cette alternative, jugée catastrophique s'il en est par des partis d'opposition, dont le PT, est de faire admettre à tous qu'il n'est pas plus urgent, dans le contexte social et économique actuel, mais surtout politique, de tenir cette élection que de se concerter sur « l'après-Bouteflika », comment préparer cette transition. L'ADN de la proposition d'Amar Ghoul, comme celle du MSP, est là, car il s'agit de trouver une issue acceptable par tous et pour tous à une éventuelle non-tenue de l'élection présidentielle et une convocation des états généraux de la nation pour gérer, comme le propose le MSP, une transition qui ne saurait pas dépasser une année.
C'est le fond de la pensée de beaucoup au sein de la majorité, mais ce n'est pas forcément la position du président Bouteflika. Du moins jusqu'à présent et l'annonce d'une intervention mercredi prochain du chef de l'Etat, probablement à l'occasion de la signature de la loi de finances 2019, pourrait fixer tout le monde sur l'avenir immédiat du pays. Le sommet des partis de la majorité mercredi à Zeralda avait un important ordre du jour, beaucoup plus lié aux prochaines échéances politiques qu'économiques. Pour autant, l'incertitude sur cette échéance électorale pèse, d'une manière ou d'une autre, sur l'économie nationale et les mesures de protection sociale contre les effets d'une baisse drastique du pouvoir d'achat consécutivement à l'affaissement des prix pétroliers. Avec le recours à la planche à billets, la hausse vertigineuse des déficits budgétaires, les prévisions maussades sur le front des recettes pétrolières en 2019 et la persistance de la contraction des grands indicateurs économiques, il est plus que vital que les acteurs, sur le front politique, assument leur rôle, celui d'éviter une crise politique catastrophique. D'autant que les positions des uns et des autres ne sont pas claires par rapport à cette prochaine échéance politique qui, théoriquement, va déterminer le reste, c'est-à-dire l'état général du pays.
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Posté Le : 23/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mahdi Boukhalfa
Source : www.lequotidien-oran.com