Algérie

Interpeller les consciences



On les jalouse peut-être pour ce qu'ils vont devenir, mais on ne peut rester indifférent face à leur combat. Même si la revendication est corporatiste, on ne peut tourner la tête et faire semblant que tout baigne… dans le sang. La grève des résidents, qui s'installe et qui résiste aux coups de matraques, aux injonctions d'en haut et à la fatale et prévisible démobilisation, propre aux mouvements contestataires, doit interpeller nos consciences mal réveillées et convoquer une réflexion d'urgence pour éviter au pays de sombrer plus dans la délinquance institutionnelle. Ce qui se passe à l'hôpital, qui tourne au ralenti en attendant sa paralysie totale, est en passe de devenir un exemple de lutte citoyenne malgré le statut «privilégié» de sa composante. Le débrayage des résidents a enfanté des portraits de médecins-courage, d'une mentalité d'acier trempé dans le sang qui s'est répandu sur leurs blouses blanches, de jeunes leaders charismatiques qui manquent tant à ce pays et qui peuvent prétendre à la relève. C'est de ces gens-là et de beaucoup d'autres dont a besoin l'Algérie pour en finir avec cette génération de dirigeants recyclables à l'éternité. Les mêmes profils bas, les mêmes CV bidonnés, les mêmes parcours faussés et la vassalité en convergence. Les Algériens cherchent du sang neuf, de préférence sans l'intervention des matraques, et les opportunités officielles et partisanes n'offrent que peu de visages susceptibles d'assurer et d'assumer les responsabilités héritées au nom d'une légitimité douteuse. L'absence de la passation de témoin est ce mal rédhibitoire dont souffre le pays et les velléités de changement revendicateur sont perçues comme une menace sur la stabilité de l'Etat. Une ligne rouge qu'on trace avec le sang des contestataires, coupables de seulement dénoncer des états de faits imposés par la force et la violence. L'épopée des résidents doit inciter à prêter plus de vigilance à leurs demandes et à particulièrement répondre aux attentes par le dialogue en évitant de charger dans le tas comme cela a été le cas ces derniers temps. La réaction du gouvernement, qui envoie la police faire son boulot, démontre toute l'étendue de cette carence dans la bonne gouvernance et implique une refondation même de l'acte de gérer une crise. Face à un mur d'incompréhension en béton armé, les mouvements sociaux ne peuvent que provoquer des confrontations frontales à multiples risques.


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