Algérie

Intéressez-les !



Cela fait plusieurs années que le ministre de l'Energie (parfois contre les députés, dont c'est l'unique occasion de montrer qu'ils songent à ceux « d'en bas ») est en campagne pour essayer de mettre un frein à la surconsommation du gasoil. On ne peut le lui reprocher, lui dont le boulot est d'exporter, de ne pas aimer l'idée de subventionner l'importation de ce produit. Les chiffres confirment bien une tendance forte vers l'augmentation du gasoil, 9% en moyenne entre 2000 et 2006. Sans surprise et sans doute convaincu de son efficacité, il entend agir sur les prix et inciter les utilisateurs à changer d'habitudes. Bien sûr, il évite d'être brutal: les choses se feront « doucement » et sur « une longue période ». Gageons que le ministre pense surtout aux automobilistes qu'il veut, en jouant sur le levier des prix, inciter à recourir au GPL. Il est évident que le succès du gasoil tient à son bas prix mais comment expliquer que le GPL, si abondant et encore moins cher, n'a pas de succès en Algérie ? Les véhicules convertis au GPL ne dépassent pas de beaucoup les 120.000. Et pourtant, « l'offre GPL » ne date pas d'hier, mais d'une vingtaine d'années. A titre de comparaison, et selon des chiffres livrés par le DG de l'APRUE, la Turquie assure une conversion annuelle au GPL de 150.000 à 200.000 véhicules par an. Voilà qui relativise substantiellement l'idée que l'action sur les prix aurait de manière automatique une incidence sur la consommation. Ceux qui ont des véhicules diesel continueront à les faire marcher en payant « doucement » les hausses annoncées, à moins que l'alternative qui leur est offerte ne soit suffisamment incitative. On ne change pas de manière de vivre - même si l'on râle - pour quelques dinars de plus. Encore moins pour les questions de pollution, pourtant bien réelles. C'est ainsi ! Il faut vraiment que les consommateurs-pollueurs aient le sentiment égoïste de gagner au change. Cela dépend en définitive un peu des prix mais aussi de l'offre alternative, le GPL en l'occurrence, de sa disponibilité et de l'attrait qu'elle peut avoir. La faille est là. Le GPL a beau avoir vingt ans d'existence, il est encore presque clandestin. On ne s'étonne guère que des experts, planchant sur l'évolution de la consommation du gasoil, recommandent « la mise en place des installations de production et de distribution pour une meilleure disponibilité de produits propres, la vulgarisation de l'utilisation des énergies renouvelables, le développement de la recherche pour la production de biocarburants et l'encouragement de la production locale d'équipements de conversion ». Cela signifie tout simplement que la filière GPL est restée à l'état végétatif et qu'elle n'a pas reçu les impulsions nécessaires de la part des pouvoirs publics. Tant mieux si la facture du gasoil (52 millions de dollars pour 2007) pousse les responsables à se souvenir du GPL. L'Etat devrait commencer par lui-même, en mettant son important parc automobile au GPL. Il pourrait aussi intéresser les automobilistes en agissant sur le prix de l'installation... Au bout du compte, tout le monde serait gagnant à booster le GPL. Il ne reste plus qu'à agir « énergiquement » et pas « doucement », après 20 ans d'activité somnolente.


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