Interdit, quel interdit '

La loi interdisant la vente et le transport du poisson dans les caisses en bois date de mai 2010. Mais le poisson. C'est dangereux pour la santé, c'est une recommandation de la FAO et ce n'est pas si difficile que ça de l'appliquer, puisque le bois est plus cher et moins disponible que le plastique. C'est fou, ce que nos gouvernants se précipitent pour pondre des lois pour donner l'impression au monde qu'ils sont au diapason des recommandations internationales les plus utiles et parfois les plus innovantes. Mais on comprend vite pourquoi, ça ne coûte rien puisque ça ne les engage à rien. Il y a des lois qu'on oublie parce que personne n'en a jamais tenu compte. La sardine se vend toujours dans les cageots en bois. Quand elle se? vend mais on ne va pas entamer une autre histoire.Le trafic de devises. Quel trafic ' A Alger, la «place» des? trafiquants la plus connue parce que la plus visible, seulement la plus visible, se situe entre? un commissariat de police et un tribunal !
A Constantine, à l'entrée d'un des lieux le plus fréquenté de la ville, il arrive même que les cambistes débordent sur le parvis du? Théâtre régional.
A Oran, c'est devant le? consulat d'Espagne et dans d'autres villes du pays, les «trafiquants» ont des bureaux avec pignon sur rue parfois avec? enseigne lumineuse ! Et quand il est question des cours de l'euro ou du dollar, personne ne pense aux banques, puisqu'elles ne sont en aucun cas concernées par le «marché».
Allez prendre un taxi tout seul et lui indiquer votre destination comme on peut le faire dans n'importe quel pays du monde. La destination, seule compte celle du chauffeur et si ce n'est pas la vôtre, allez voir ailleurs. Si vôtre destination, on allait dire votre? destinée, coïncide miraculeusement avec la sienne, il peut s'arrêter plusieurs fois en cours de route pour embarquer d'autres clients, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place. «Officiellement» le jumelage est interdit et c'est le client qui indique où il va, là où il veut. Ne rigolez pas, c'est écrit noir sur blanc.
Le travail au noir est interdit. Dans la vraie vie, l'ampleur du «phénomène» dépasse tout ce qu'on peut imaginer. De quoi relativiser sensiblement le taux de chômage, si ça peut consoler. Dans les cafés, les restaurants, les petits hôtels, les commerces en tous genres, les proportions de salariés non déclarés sont ahurissantes. Sûrs de leur impunité, les employeurs ne s'en cachent même pas. Les plus précautionneux d'entre eux ont trouvé l'astuce imparable : ils recrutent juste pour deux ou trois mois, avant de renvoyer les employés avec la promesse de les reprendre, le temps de renvoyer leurs? successeurs. Il arrive même qu'on trouve des travailleurs au noir là où on ne pouvait pas l'imaginer.
Le travail non déclaré est une violation de la loi et un déni de droit. Sérieux ' Des évidences, tout ça ' Justement, il n'est pas interdit de dire des évidences. Même si la liste est trop longue pour ne pas y revenir un jour.
S. L.