Algérie

Interdiction du Hadj aux plus de 65 ans: Une décision injuste pour les Algériens



Le premier cas mortel de grippe porcine alimente un alarmisme souvent peu fondé.

En Algérie, les responsables de la santé ne sont pas d'accord avec la proposition d'interdire le pèlerinage aux plus de 65 ans.

 Le premier cas mortel de grippe porcine en Arabie Saoudite a été annoncé samedi par les responsables saoudiens de la santé. A quelques semaines du grand rush de la Omra du ramadhan, la nouvelle a été très largement diffusée sur les sites web en arabe. La Omra du ramadhan, qui commence le 20 août, draine beaucoup de monde et suscite des appréhensions, certaines versant dans l'alarmisme au point de souhaiter l'annulation pure et simple du pèlerinage. Le grand rassemblement à La Mecque pour la Omra aura donc valeur de test pour le pèlerinage qui devrait avoir lieu en novembre. Ce premier cas mortel enregistré en Arabie Saoudite ne devrait pas, en théorie, susciter des craintes démesurées. La grippe porcine, selon les experts, se diffuse vite mais elle n'est pas particulièrement virulente.

 En France, par exemple, le professeur de médecine Bernard Debré, également député, a mis les pieds dans le plat en estimant que la grippe A (H1N1) n'est pas dangereuse et que l'on faisait peur aux gens inutilement. «Cette grippe n'est pas dangereuse. On s'est rendu compte qu'elle était peut-être même un peu moins dangereuse que la grippe saisonnière. Alors maintenant, il faut siffler la fin de la partie !».

 La diffusion rapide de la grippe porcine ne signifie pas qu'elle est plus dangereuse : « cela reste une ‘grippette', ce n'est ni Ebola, ni Marburg». C'est un avis partagé par une partie de la communauté scientifique. D'autres appellent néanmoins à la vigilance. Le virus peut toucher un spectre plus large de la population et donc comporte un risque plus grand en matière de santé publique. Le cas du Saoudien décédé paraît être bien un cas typique d'une personne à risque. Selon le ministère de la santé, ce malade, âgé de 30 ans, avait de la fièvre, souffrait d'une pneumonie, de difficultés respiratoires, souffrait aussi d'un problème d'obésité. Contaminé après avoir été en contact avec une personne atteinte de la grippe porcine, le Saoudien est décédé malgré les antibiotiques et l'antiviral Tamiflu qui lui ont été administrés. On comprend que la personne qui l'a contaminée est toujours en vie, voire guérie.



Les personnes nées avant 1957 résistent mieux que les jeunes



 D'une certaine manière, ce cas saoudien incarne bien les appréhensions qui entourent le pèlerinage à La Mecque en temps de pandémie. Des porteurs de virus - certains ne s'en rendraient même pas compte ou le vivent effectivement comme une «grippette» - peuvent contaminer des populations à risque, comme les enfants, les femmes enceintes ou les personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques. Des mesures arrêtées par les ministres de la Santé arabe de la région Mena - et non le conseil des ministres arabes de la Ligue, il faut le préciser - lors d'une réunion avec les experts de l'OMS, ont étendu l'interdit de La Mecque aux personnes de plus de 65 ans.

 L'Algérie, bien avant l'apparition de la grippe porcine, a déjà pris des mesures fixant une liste assez longue d'incompatibilité avec l'accomplissement du pèlerinage. Les femmes enceintes et les malades chroniques figuraient dans la liste. Aujourd'hui, tant au ministère de la Santé qu'aux Affaires religieuses, on considère qu'une interdiction de pèlerinage aux personnes de plus de 65 est une «injustice» et ne se justifie pas au plan scientifique. Les experts relèvent que les cas mortels de grippe porcine ont surtout concerné des personnes jeunes et bien portantes. On estime que les personnes nées avant 1957, période où le virus H1N1 a pratiquement disparu, sont probablement immunisées contre la grippe porcine.

 Slim Belkessam, chargé de la communication au ministère de la Santé, estime non fondée l'interdiction de pèlerinage aux personnes âgées de plus de 65 ans qui sont bien portantes et ne souffrent pas d'une maladie grave. L'Algérie n'avalise donc pas toutes les mesures préconisées par les ministres de la Santé lors d'une réunion régionale avec des experts de l'OMS, dont elle n'était pas partie prenante. Il reste que l'interdit s'imposera si l'Arabie Saoudite avalise toutes les mesures, y compris celle qui concerne les plus de 65 ans.




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