Coupées du reste du monde pendant plusieurs jours, privées de gaz pour se chauffer et d'électricité, sans ravitaillement, des populations entières de Kabylie ont souffert le martyre avec cette offensive du froid et cette incurie des autorités civiles de venir à leur secours.
Les intempéries et la vague de froid qui se sont installés dans notre pays depuis déjà une dizaine de jours, ont transformé le quotidien des villageois des montagnes de la Kabylie en un véritable cauchemar. L'arrivée de journalistes algériens est perçue par ces citoyens qui ont perdu espoir, comme un véritable signe de solidarité de concitoyens.
C'est d'abord au niveau de l'axe autoroutier que nous rencontrons les premiers groupes de citoyens en détresse. Ils sont plus d'une cinquantaine de personnes qui trimbalent d'un lieu à un autre des bouteilles de gaz. Certains d'entre eux, sont là depuis vendredi dernier. Ils attendent avec un immense espoir le camion de livraison de butane. «Nous sommes là depuis vendredi à attendre le camion de livraison de gaz. Malheureusement, nous n'en voyons aucun arriver. Ils préfèrent servir des revendeurs, lesquels pour alimenter le marché noir, évoquent le subterfuge d'une marchandise déjà vendue à l'avance.
En réalité, ces livreurs et ces revendeurs sont complices dans la malversation et le trafic», nous disent ces citoyens qui menacent de recourir à la force si un camion pointe à l'horizon. Il y a quelque part, une part de vérité dans les déclarations de nos interlocuteurs. Sur notre chemin, nous accostons plusieurs camions immatriculés dans différentes régions du pays chargés de bonbonnes de gaz. Malgré notre insistance, aucun des chauffeurs ne voulait souffler mot sur la provenance ni sur la destination de ces chargements.
Même pas celui qui avait dissimulé un chargement de bouteilles au milieu de cages à poules.
«C'est pour mon poulailler», nous dit-il avant de nous renvoyer vers les spéculateurs qui «se font servir en priorité à la station Naftal de Oued Aïssi», ajoute notre interlocuteur en rejoignant son camion, non sans jeter un dernier regard sur sa cargaison, sait-on jamais ! C'est au village Taghanimt dans la commune d'Irdjen, que nous touchons la réalité du calvaire enduré par la population de cette contrée de la Kabylie. Là aussi, les citoyens de ce village subissent les effets du froid et des pénuries.
La route qui est restée plusieurs jours enneigée a causé d'énormes désagréments aux habitants de ce village. La faim, le froid, les coupures d'électricité et d'eau, les pénuries de gaz, de pain, de farine, de semoule et de lait ont eu raison des populations du village natal du chahid Abane Ramdane. «Nous avons passé des journées et des nuits horribles. Face aux pénuries, à la faim et au froid les responsables locaux étaient portés aux abonnés absents. Il a fallu attendre les militaires pour souffler un peu. Il n'empêche que nous continuons à pâtir de la détérioration des conditions climatiques.
Malgré l'ouverture des routes de notre village, le gaz butane et certaines denrées comme le lait, la farine et la semoule font défaut. C'est à croire que nous sommes une population bonne uniquement à mettre un bulletin dans l'urne pour élire des représentants même incapables de tirer la sonnette d'alarme. Le président de l'APC que nous avons sollicité, nous a fermé la porte de la municipalité. N'est-ce pas là, dans le jargon de la justice, un crime de non-assistance à une population en danger '», nous dit un groupe de citoyens. Nous avons tenté de prendre attache avec le premier magistrat de cette commune et avons effectivement trouvé porte close.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/02/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Info Soir
Source : www.infosoir.com