Algérie

Institut Cervantès d’Alger, A la découverte du poète Vicente Aleixandre



Prix Nobel de littérature en 1977, le poète espagnol Vicente Aleixandre (1898-1984) a marqué d’une empreinte indélébile la littérature du XXe siècle de par son œuvre à dimension universelle. Pour mieux faire connaître le poète, l’institut Cervantès d’Alger et l’université d’Alger ont traduit en arabe une partie de ses poèmes.

Ils en ont fait un recueil de poèmes choisis en langues espagnole et arabe intitulé Vicente Aleixandre : Anthologie poétique. Le livre en question a été présenté jeudi dernier au café littéraire du XIe Salon international du livre d’Alger (SILA) par le vice-recteur de l’université d’Alger et professeur de littérature hispano-américaine Ahmed Berraghda et la poétesse espagnole Ada Salas. Une occasion aussi pour survoler le contexte socio-culturel et politique de l’époque. En effet, Vicente Aleixandre fait partie avec les poètes Garcia Lorca, Rafaël Alberti, Gerardo Diego, le cinéaste Samuel Bunuel et l’artiste peintre Salvador Dali entre autres de la « génération de la dictature » en référence à la dictature de Primo de Rivera qui sévissait à cette période. Ils sont aussi désignés sous l’appellation la « génération vingt-sept ». Une génération qui a vécu les courants littéraires de l’époque à l’exemple du mouvement Dada, du surréalisme, du cubisme et du futurisme. Salvador Dali résume l’esprit qui guidait en la circonstance l’activité culturelle en disant que « le langage symbolique du subconscient est l’unique langage réellement universel commun à tous les hommes, qui ne dépend ni de l’état spécifique de la culture ni de l’intelligence mais qui repose sur les grandes constantes de la vie : l’instinct sexuel, le sentiment de la mort et la notion physique de l’espace ». C’est ce que rappelle Ahmed Berraghda dans son intervention ajoutant que le futurisme, « d’après Picasso, est influencé par l’architecture andalouse marquée par la superposition des perspectives ». Cette génération a « joué un grand rôle » dans l’épanouissement du surréalisme. Il évoque quelques citations de Vicente Aleixandre qui font de lui le poète de l’univers douloureux avec ses tristesses, ses contraintes et ses écrans. Entre autres, « la société ridicule pleine d’ostentation et le côté faux de la vie », « Tout sauf ne pas être », « Sentir quotidiennement que la vie c’est la mort », « C’est dans l’opacité que l’homme se retrouve ». De son côté, la poétesse Ada Salas qualifie l’œuvre de Vicente Aleixandre de « poésie de la connaissance parce qu’elle se plonge ou vole à travers des territoires lointains ». Ses livres « vivront tels les classiques parce que ses vers sont tout le contraire de la mort : ils respirent ». Elle voit en l’auteur de La destruction ou l’amour et Passion de la terre un « puissant créateur idiomatique parce qu’il était révélateur d’associations insolites (...) Il voyait comme Rimbeaud l’invraisemblable avec le regard qui met le cœur dans les yeux ». Le poète « crée avec la matière du rêve, de son rêve d’homme (ou de son cauchemar) des humains, très humains ». Il a « vécu à travers son œuvre en rapport privilégié avec la lumière, la nature, l’érotisme le plus enflammé, le corps dans toutes ses versions du nu et l’amour partagé à travers le battement vital des corps ». Une poésie qui « entraîne » à la vie :
 « Vis, vis, réveille-toi, aime, cœur, être
 Réveille-toi telle la terre à la pluie naissante, tel le ver nouveau qui pousse entre la chair ».
 La même intervenante relève que les textes de Vicente Aleixandre -mettent aussi « en évidence le miracle que la liberté, la solitude et la volonté d’un homme, versé dans la poésie, peuvent offrir une œuvre inimitable ».
 Ses mots et ses images reflètent une œuvre d’un « homme qui aurait vécu de nombreuses fois », bien qu’il ait écrit :
 « Pardonne-moi : j’ai dormi
 Et dormir n’est pas vivre (...) »
 Et lorsqu’il s’adresse au poète « un poète qui incarne en réalité tout lecteur et tout auteur », il lui dira :
 « (...) jette ce livre qui prétend renfermer dans ses pages un éclat de soleil et regarde la lumière face à face ».




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