Algérie

INSTAURATION D'UN ETAT THEOCRATIQUE EN LIBYE L'embarras des Américains



Le sous-secrétaire d'Etat américain pour les affaires au Proche-Orient a achevé, hier, une visite de deux jours à Alger. Lors d'une rencontre avec la presse, Jeffrey D. Feltman a refusé de s'exprimer clairement sur la problématique de l'instauration d'un Etat théocratique en Libye.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Jeffrey D. Feltman, un des principaux diplomates de l'administration Obama, serait-il devenu partisan de la politique de l'autruche ' Hier, au terme d'une visite de deux jours à Alger, le sous-secrétaire d'Etat pour les affaires au Proche-Orient a refusé de reconnaître que le Conseil national de transition est en phase d'instaurer un Etat théocratique en Libye. «Les Etats-Unis soutiennent le principe général selon lequel un gouvernement ne peut agir dans un contexte de stabilité et répondre aux aspirations de son peuple s'il ne fonctionne pas avec son consentement», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Et à la remarque d'un journaliste qui lui rappelait que Mustapha Abdeldjalil avait clairement annoncé, la veille, que la Libye adopterait la Charia, Feltman a eu une réplique plutôt intrigante : «Je ne suis pas au courant de la teneur de la déclaration de M. Abdeldjalil. Donc je ne répondrai qu'en termes généraux. » No comment. Les Etats-Unis, membres actifs de la coalition militaire qui a provoqué la chute du régime de Mouammar Kadhafi, ont-ils, finalement, aidé à l'instauration d'un Etat théocratique ' «Le soulèvement en Libye est le fait du peuple libyen et n'a pas pris sa source dans aucun autre pays. La communauté internationale s'est impliquée suite à la coopération entre la Ligue arabe et le Conseil de sécurité de l'ONU. Dès le début, s'est imposée l'exigence de savoir comment assurer la sécurité du peuple libyen dans sa manifestation pacifique qui était de la manière la plus brutale par l'ancien pouvoir de ce pays. Il est dans l'intérêt de tous de voir les autorités libyennes actuelles répondre aux normes internationales. Et nous sommes conscients qu'il existe différentes sensibilités », a expliqué le sous-secrétaire d'Etat en prenant le soin de ne pas répondre à la question. Jeffrey D. Feltman a toutefois reconnu que la situation sécuritaire dans ce pays est préoccupante du fait du nombre incalculable d'armes en circulation. «Le problème de la prolifération d'armes est grave et constitue un risque pour la région et même au-delà de la région.» Pour lui, l'Algérie «pays leader en matière de lutte contre les trafics transfrontaliers», est appelée à jouer un rôle déterminant pour mettre un terme à la prolifération de ces armes. Interrogé sur la présence d'une partie des membres de la famille Kadhafi en Algérie, le diplomate américain s'est contenté de dire qu'il n'avait pas évoqué ce sujet avec le président Bouteflika mais avec «certains hauts responsables algériens». Quant à l'annulation de sa rencontre avec le ministre délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaïzia, il a affirmé qu'elle était due à un «problème de programmation».
T. H. Ashton salue le commencement d'une «nouvelle ère»
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a salué hier les premières élections libres de Tunisie qui marquent, selon elle, «le commencement d'une nouvelle ère». «Dans un climat de liberté, des millions de citoyens ont fait la queue pour voter et décider de leur avenir d'une manière pacifique et ordonnée», s'est félicitée Mme Ashton dans un communiqué. Elle a indiqué que la mission d'observation de l'UE chargée de vérifier la régularité de l'élection rendra son rapport «prochainement ». «Mais, aujourd'hui, je tiens à féliciter et rendre hommage au peuple tunisien et à sa lutte pacifique pour ses droits et aspirations démocratiques», a-t-elle ajouté. Neuf mois après le départ de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali sous la pression populaire, plus de 7 millions d'électeurs tunisiens étaient appelés dimanche à élire une Assemblée constituante qui sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution et de désigner un nouvel exécutif avant des élections générales.
Ban Ki-moon félicite la Tunisie pour la tenue «pacifique et ordonnée» des élections
Le secrétaire-général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, félicite la Tunisie «pour la façon pacifique et ordonnée dont l'élection historique d'une Assemblée constituante s'est déroulée le 23 octobre», selon un communiqué publié hier à Genève par son porte-parole. Selon ce communiqué, «cette élection historique constitue une étape majeure pour la transition démocratique tunisienne et une avancée importante dans le processus de transformation démocratique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient en général». M. Ban Ki-moon relève encore que la «participation des femmes et des jeunes est déterminante pour garantir le succès du processus de transition», et souligne que la Tunisie pourra «toujours compter sur le soutien entier des Nations Unies dans la création d'un avenir meilleur et démocratique pour eux-mêmes et les générations futures».
La presse tunisienne salue le vainqueur des élections : «la démocratie»
La presse tunisienne titrait hier sur le «triomphe» de la démocratie, au lendemain d'un scrutin historique où la participation massive a fait du premier scrutin clé du printemps arabe une «fête électorale». «Ils sont venus, ils ont vu, ils ont voté», «Maturité confirmée», «Le peuple tunisien a exigé une élection, il a eu une fête électorale» : les journaux rendaient d'abord hommage aux millions de Tunisiens qui ont participé au vote, sans se risquer au moindre pronostic sur les résultats d'un scrutin dont les islamistes d'Ennahda sont les grands favoris. «Le rêve se réalise», titrait à la Une le quotidien arabophone Al Chourouk, qui annonce un «grand vainqueur : la Tunisie». «Elections pluralistes ' A Tunis ' Sans Ben Ali ' Oui !», s'exclamait, presque incrédule, le quotidien francophone La Presse. Une «journée particulière» pour la Tunisie et un «exemple» pour le monde arabe : «C'est la première fois que se déroule dans cette vaste région autocratique une consultation populaire qui respecte les règles et les critères suivis dans les pays ayant une longue tradition démocratique », affirmait le quotidien dans son éditorial. «Le printemps de Tunis qui s'est propagé comme un feu de brousse » à travers le monde arabe «investit la Tunisie d'une lourde responsabilité morale», pour Tunis-Hebdo (francophone), qui appelle les 217 membres de la nouvelle Assemblée à la «responsabilité» pour le «bien commun». La commission électorale indépendante (Isie) a estimé dimanche soir que la participation avait été «massive» pour ce premier scrutin libre et transparent, sans noter d'irrégularité notable. Des résultats partiels étaient attendus hier dans la journée, mais les résultats définitifs du vote seront annoncés aujourd'hui.


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