Algérie

Instantané : La rue, seul cadre d'expression '



Ce serait un leurre de dire que le marché informel serait éradiqué tant que les pouvoirs publics n'ont pas encore de stratégies ni de programmes pour faciliter sa transition vers l'économie formelle. Après la chute de la grogne des jeunes émeutiers qui se sont empressés à  casser et piller dernièrement les biens publics, ces derniers espèrent et attendent toujours des solutions à  leurs problèmes dont le chômage et l'oisiveté, boostés par l'absence de débat, font nourrir des inquiétudes, d'où le recours à  l'activité informelle. On ne sait plus si on doit leur accorder illicitement le squat de l'espace public pour éviter qu'ils se mettent en rogne ou réglementer le négoce qu'ils exercent dans des lieux qui échappent au Trésor public. On ne leur offre que très peu d'alternatives réelles susceptibles de freiner leur exclusion et les réinsérer dans un milieu plus valorisant. Il ne leur reste qu'à s'improviser en gardiens de parking, engorgeant des pans de trottoirs, en vendeurs de fripe et de produits agro-alimentaires le long des espaces publics sans bourse délier, voire occupent de sombres culs-de-sac pour écouler les kamyate, pour reprendre leur jargon, etc. On refuse de prendre le pouls de cette tranche d'âge, la coacher lorsqu'elle est dans la détresse. On cadenasse son cadre d'expression. On bâillonne son cri, pensant s'offrir la tranquillité d'esprit. On se montre indifférents à  ses aspirations, et l'on ne daigne agir qu'après coup pour lui dire que la casse n'est pas une bonne chose, à  travers notamment l'Unique, cette «yatima» qui évacue même la conception de fiches débats contradictoires sur un plateau à  l'endroit de ce qu'elle estime des agitateurs. Une chaîne audiovisuelle nationale pusillanime, qui suit sa propre pédagogie adoubée d'un paternalisme franchouillard, refusant le débat citoyen dans tous les pans d'âge, particulièrement celui d'une jeunesse dite marginale. Ne dit-on pas que lorsque «la cause est connue, l'étrange se dissipe» (itha urifâ essâbab, batoulâ el adjâb). Hormis quelques tentatives à  travers des dossiers concoctés sur la radio dite de proximité, El Bahdja, la lourde «orpheline» fait la sourde oreille. Elle ne nous montre que la voie à  sens unique. Excepté les relais officiels, le porte-voix de la jeunesse ou de la société dite civile sont considérés, sommes-nous tenus de dire, comme persona non grata sur les plateaux audiovisuels. L'exutoire de la jeunesse demeure la rue. Seul espace d'expression. Voire seul défouloir.


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