Instantané : Ingéniosité et risques

Pour fêter le Mawlid Ennabaoui, les enfants les moins nantis s'illustrent par leur savoir-faire. En plus des puissants produits d'artifice auxquels on ajoute de la puissance en les plaçant dans des jerricans hermétiquement fermés, les enfants se livrent aussi à  toutes sortes de petites créations pyrotechniques. Dans les quartiers populaires où la plupart des foyers sont déshérités, les enfants se livrent quelques jours avant la célébration de l'événement à  des activités manuelles qui dénotent certes d'une ingéniosité certaine, mais qui sont également source de danger. Les bambins, en quête de matériaux pour la circonstance, vadrouillent dans les décharges à  la recherche de vieilles batteries pour en extraire le plomb qui sera ensuite fondu dans des brasiers allumés par les petites mains. Coulé dans des moules de roseau ou dans d'autres récipients se trouvant à  proximité, le plomb épouse vite la forme cylindrique requise. Avant que le liquide ferreux ne se solidifie, un trou est réalisé sur la pointe de l'engin. L'artifice achevé, il ne reste plus qu'à le charger. Pour ce faire, on remplit le trou de la pinacle de têtes d'allumettes, qu'on entasse à  l'aide d'un clou, qui sera finalement enfoui dans l'étui telle une tige de mousquet. L'apprenti artificier actionne alors l'engin en le percutant contre un mur. Et c'est la détonation. Le même procédé peut prendre des formes variées d'un quartier à  l'autre. Les enfants utilisent tantôt le bras d'un rasoir en guise d'étui, tantôt une branche d'arbre troué. En tout état de cause, le procédé n'est en soi nullement mis en cause, ce sont les risques qu'il peut engendrer dont on doit faire la désapprobation. La célébration du Mawlid Ennabaoui se distingue chaque année par son lot de victimes. Aussi, les produits pyrotechniques, écoulés dans le cadre du commerce informel, sont source d'accidents pour les enfants et pour les adultes. Des incendies se déclarent le temps de la festivité ici et là, transformant la fête en deuil. Les pouvoirs publics sont par conséquent responsables de cette situation qui dénote d'un laisser-aller avéré.