Algérie

Instantané : biens culturels au bulldozer Alger : les autres articles



Instantané : biens culturels au bulldozer Alger : les autres articles
Le Mois du patrimoine tire à sa fin. Juste le temps de quelque méditation ou commémoration furtive au détour d'une souvenance tendant à raviver la mémoire, un souvenir d'un passé mythique ou révolutionnaire, une jubilation collective évoquant quelques fragrances de nostalgie et puis... plus rien. Le patrimoine, ce legs commun d'une collectivité, qu'on s'efforce au prix d'efforts à reconquérir pour le transmettre à la postérité, pâtit d'une indolence. Qu'il soit bâti traditionnel ou héritage immatériel dont l'amnios nourrissait les acteurs, le patrimoine peine à être préservé de l'outrage du temps et de la main ingrate de l'homme.
S'il demeure facile de convoquer la mémoire. Il n'est pas aisé de renouer avec le passé et apprendre à réinventer les réminiscences d'un site qui fourmillait d'art et de lettres, de poésie et de musique, de sagesse et de savoir-faire. Il est devenu difficile aussi de se réconcilier avec son authenticité et conjurer le mauvais sort qui altère les éléments feutrés composant le legs ancestral. A dire vrai, les complaintes et supplications, faisant prévaloir, l'espace d'un temps, une once de mélancolie conjuguée à un brin de romantisme, ne servent plus à grand-chose, sinon à faire dans la redondance, voire à atermoyer. Nous sommes résignés à voir «le paraître» prendre le pas sur «le savoir être». Comme nous sommes impuissants de voir le savoir-vivre céder le pas à la logique des goinfres de mauvais goût. On s'échine à inviter des processions de touristes alléchés davantage par les blogs et photos que décline la Toile, que par la réalité du terrain qui donne le haut-le-c'ur.
Au moment où nos voisins de l'Est et de l'Ouest tirent des dividendes substantiels de leur legs patrimonial ' bien moins riche que le nôtre ' d'aucuns, chez nous, ne s'embarrassent de passer à la moulinette quelque pans de notre mémoire, des témoins de notre histoire que nous sommes censés transmettre aux générations futures' A l'image d'une des bâtisses qui se trouvent au sud-est des jardins du CHU Lamine Debaghine, que des bien-pensants viennent d'abattre, il y a quelques jours. Le comble est que cet acte de destruction en règle d'une demeure du fahs datant de l'ère ottomane (dépendance d'été du dey) n'émeuve personne, même pas les responsables du département du patrimoine. Après avoir servi de résidence à une ponte, puis abandonnée avant d'être murée, la bâtisse traditionnelle vient d'être pulvérisée de la carte du patrimoine par un bulldozer, au moment où nous célébrons le mois de la préservation des sites et monuments historico-culturels.


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