Instantané

Refus précoce Des gosses montent au créneau. Ils protestent contre une tentative d?accaparement d?un espace vert qu?ils jugent injuste, inique et revendiquent sa restitution. Brandissant une banderole revendicative, ces enfants tentent de faire échec à des tourments d?adultes jamais apaisés. L?innocence chevillée au corps, ils se dressent contre des velléités qui s?affichent au grand jour. Etrange ville où l?esprit de prévarication, sans cesse lubrifié par une insigne audace, dispute même aux enfants les maigres espaces qui leur sont consentis. Privés déjà du minimum requis et indispensable, les voilà livrés aux turpitudes de leurs aînés jamais repus, rassasiés. Faut-il s?étonner que dans cette course folle derrière les prébendes, des enfants se voient contraints et forcés d?exprimer un juste courroux ? Ce refus indique, à l?évidence, la misère morale de ceux qui fomentent constamment des coups tordus pour parvenir à leurs fins. Curieuse ville où l?appétit aiguisé comme un glaive, de nombre d?aigrefins, ne se reconnaît aucune limite. Les échos quotidiens résonnent constamment et répercutent d?odieux actes de braconnage. Un bois, une forêt coquette, un lopin de terre, un petit îlot de verdure. Tout est bon à prendre. Rien n?est jamais assez superflu qui échappe aux convoitises. Que de plaintes proférées par des citoyens outrés, que de tentatives dénoncées, que de plans « d?appropriation » de biens publics éventés. L?opinion assiste, souvent médusée, à ce carrousel qui ne donne aucunement l?impression de se calmer. Et pour cause. La cité s?est trop longtemps complue à filer du mauvais coton. Elle en paie les frais. Ces enfants qui veulent défendre leur acquis ne sont pas les seuls à découvrir l?insigne perversion des sens. Ils en pâtissent d?emblée. A leur grand désappointement.