Algérie

Instantané



Instantané
Il est d'une évidence niaise de dire que notre mégalopole n'a de cesse de se rurbaniser au fil du temps. Bien que certaines artères de la capitale fassent l'objet de réhabilitation (façades d'immeubles, chaussées, trottoirs), le décor planté donne plein la vue au quidam : des monticules d'ordures au détour de chaque rue, des mares fangeuses un peu partout, des fuites d'eau ruisselant ici et là, des nids-de-poule et des trous béants le long de la voie défoncée et poussiéreuse par d'interminables chantiers, des excavations sans garde-fou qui vous surprennent là où vous ne les attendez pas, des espaces publics que rognent impunément les nababs du négoce de l'informel...Outre ce chapelet de nuisances et de désagréments que la cité supporte avec passivité, il y a bien entendu le phénomène avec lequel nous avons fini à composer : le saccage du mobilier urbain tels les bacs à ordures, les bancs publics, les corbeilles, les grilles d'avaloir, etc. Il subsiste d'autres réflexes qui font gerber non sans faire dresser les cheveux sur la tête, ce sont les déprédateurs d'un autre acabit, qui agissent sans gêne aucune à dépaver nos rues, notamment les permissionnaires intervenant dans la voirie qui, après opération, laissent les tripes de l'artère par endroits sens dessus dessous, ne jugeant pas utile d'assurer la remise en l'état des lieux.Alors que sous d'autres latitudes les urbanistes, aménagistes et autres paysagistes renouent avec le pavage des chaussées dans les agglomérations à forte densité, introduisant des motifs de décoration, chez nous ce matériau n'a plus droit de cité. Le pavé, qui, jadis, tapissait joliment une partie des tronçons des routes au c?ur de la capitale, a été enseveli, pour ne pas dire a disparu, à l'image des beaux carreaux jaunes et rainurés qui revêtaient ? on s'en souvient ? la place des Martyrs et l'ex-Bd Pitolet. Plus, le long du boulevard Commandant Abderrahmane Mira, les caniveaux d'autrefois réalisés en pierre de taille bleue viennent de prendre la tangente, pour être remplacés par du mortier bâtard.Le matériau noble est tout simplement décaissé pour embellir des cours, courettes et allées de villas cossues nichées quelque part dans des lotissements huppés. Il y a quelques années, la pierre bleue, utilisée le long des rues Mohamed Bencheneb et Abderrahmane Arbadji, servant de rigole, évitant le gondolement de la chaussée et protégeant les bâtiments des eaux de pluie en drainant les eaux de surface, a été chipée. Un bal incessant de camions défilaient pour récupérer l'héritage de la collectivité vers une destination inconnue. Un «legs» qui se résume dans des dizaines de tonnes de ces petites masses cubiques. Bien qu'on ignore si l'opération soit? pavée de bonnes intentions, notre curiosité quant au sort de ce «butin» reste inassouvie? Oui, on continue à nous triturer les méninges pour connaître l'usage qui en a été fait de ce bien d'intérêt public, volé au grand mépris des administrés.




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