Algérie

Instantané



Instantané
Abdelkader Sehim, dit Kiki, vient de nous quitter ce mardi, à l'âge de 89 ans, en son domicile à Bologhine, boulevard Omar Lounès. Qui ne connaît pas cette icône sémillante des stades, ce gardien des petits temples Mohamed Ferhani (ex-Marcel Cerdan) et Omar Hamadi dans les années soixante et soixante-dix, alors que nous étions? encore mouflets et essayions de passer outre le tourniquet à l'entrée du stade de Bologhine 'A notre adolescence, nous avions cette image de lui courant après les resquilleurs dans les gradins ou tapis quelque part dans le stade sans ticket d'entrée. Mais il finissait par fermer l'?il. Sans le sou, nous faisions le mur du stade de Bologhine pour voir les rencontres derbies que livraient le Mouloudia ou l'USMA, et d'autres formations telles que l'OMSE, le CCA, la JSMA et la Casoral qui étaient bien structurées et forçaient le respect... Kiki avait connu des périodes de disette alors qu'il était enfant, parcourant les rues d'Alger pour vendre à la criée les quotidiens La Dépêche et L'Echo d'Alger. Il avait connu la période du débarquement des forces alliées, en 1942, et aimait se mesurer avec son air guilleret aux Marines aux portes de La Casbah, non sans baragouiner dans la langue de Shakespeare.Plein d'énergie, avec un pas toujours aussi alerte et un verbe taquin, il se démenait dans tous les sens dans et autour de l'infrastructure sportive pour éviter les dépassements à l'image du policier Ammi Ahmed, qui trouvait toujours l'astuce d'apaiser les foules déchaînées. Kiki parlait à tout le monde et tout le monde aimait l'apostropher. De Bologhine où avaient vu le jour pas moins de six joueurs ayant fait partie de la glorieuse équipe du FLN ? surnommée l'équipe de l'Indépendance ? à Hussein Dey en passant par Notre-Dame d'Afrique, Bab El Oued, La Casbah et Belcourt, Kiki ne passait pas inaperçu. Il avait maintenu, à un âge avancé, son geste technique et sa frappe de balle.Il affectionnait aussi reprendre les airs de Piaf, du charmeur corse Tino Rossi et autres chansonnettes de Charles Trenet et Maurice Chevalier, qu'il égrenait au détour de retrouvailles avec ses amis, chez le fleuriste du cimetière chrétien de Bologhine ou dans son petit café, Kikinostalgie, que tient son fils Tahar à la Consolation (Malakoff), dans le jardin Konakry ! Invétéré supporter du Doyen, Ammi Kiki portait haut et fort les couleurs de ce club musulman dans son c?ur, surtout lorsque ce dernier affrontait les clubs à connotation coloniale, comme le Gallia Sport d'Alger, nous disait-il. Dans le tas, il déroulait un flash-back mnémonique, celui des stars du football de son temps, les Bentifour, Ibrir, Boubekeur, Mekhloufi, Zouba, les frères Soukane, Maouche, Zatelli, Di Stefano et autre Jonquet, détrôné par feu Mustapha Zitouni. Kiki avait inscrit son passage en tant que joueur défensif au sein de l'ASSE et dans certains petits clubs, où il avait eu l'occasion d'évoluer dans les années cinquante du siècle dernier. Repose en paix, Ammi Abdelkader, et que le Tout-Puissant t'accorde Sa Bénédiction.




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