Algérie

Insécurité dans la région de Tizi Ouzou



En quelques heures seulement, vendredi dernier, des citoyens partis à la recherche d'un villageois enlevé il y a une quinzaine de jours par un groupe armé ont découvert, dans les maquis de Boghni, près de Tala Guilef, à une soixantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, cinq casemates contenant notamment du matériel servant à la fabrication de bombes artisanales. Des rouleaux de fils électriques, des chargeurs de batterie et des cartouchières étaient abandonnés par les terroristes entre des tas de produits alimentaires. Les villageois ont quasiment découvert une casemate pour chaque heure de marche. En apparence tranquille, ces collines boisées ont été transformées par les groupes armés en base arrière où sont préparés les attentats à l'explosif et en lieu de séquestration des malheureuses victimes de kidnapping. Les objets récupérés dans le maquis ont été remis à la sûreté de daïra de Boghni par les villageois, comme un signe d'attachement à l'autorité de l'Etat même si les circonstances les ont poussés à entreprendre des actions qui relèvent en temps normal des missions des services de sécurité. L'épisode de Tala Guilef illustre la gravité de la situation sécuritaire en Kabylie.Ainsi, des ateliers de fabrication d'engins explosifs, dont on connaît les effets meurtriers dans les centres urbains, sont quasiment à la portée des passants empruntant des chemins de montagne. La stratégie sécuritaire mise en place ces dernières années serait-elle en train de montrer son échec, dès lors que le terrorisme n'est pas combattu en amont' ' Après la colère ressentie devant la multiplication des kidnappings, c'est le désarroi qui gagne la population, se sentant seule face à des gangs qui ont décidé de plonger la région dans l'insécurité la plus totale. Devant la défaillance des institutions officielles chargées de la sécurité des biens et des personnes, les citoyens cherchent leurs marques devant l'hydre terroriste, passant de l'ultimatum à l'opération de recherche puis à la mise en garde. Pendant ce temps, les différents courants politiques auxquels incombe la mission de relayer la détresse et les préoccupations de la population, observent sans réagir ce qui ressemble à un laboratoire à ciel ouvert, attendant le dénouement pour sans doute délivrer leur grille de lecture et leurs conclusions. Laminé par le drame social, le citoyen cherche à présent à sauver sa vie et celle de ses proches.A 5'km à l'est de Boghni, dans la commune de Mechtras, est positionné un bataillon de parachutistes de l'ANP depuis deux ans. L'armée nationale s'est installée dans les locaux de l'ex-SNLB dissoute en juin 2007, libérant des centaines de travailleurs. Ces derniers n'en ont pas fini avec le malheur puisqu'ils doivent maintenant éviter d'être enlevés de leurs domiciles par des groupes armés tapis dans la forêt voisine. De l'avis des citoyens de la région, la localité est passablement militarisée. Dans la même commune de Mechtras se trouve une brigade de gendarmerie qui réduirait ses sorties à des barrages sur la route. La seconde brigade de gendarmerie de la daïra avait été fermée à la suite des événements d'avril 2001. La ville de Boghni dispose actuellement d'une sûreté de daïra et d'une section de la BMPJ. Plusieurs cantonnements militaires existent aux alentours. Un dispositif militaire et policier qui n'a vraisemblablement pas trouvé de stratégie combinée pour lutter efficacement contre les groupes armés islamistes qui ont fait de cette partie de la Kabylie leur quartier général et leur terrain d'opération privilégié. En dépit du maillage militaire observé dans la région sur les axes routiers et dans les centres urbains, la menace terroriste n'a pas reculé ces deux dernières années. Après Maâtkas qui s'était retrouvée l'année dernière dans la spirale des enlèvements, c'est au tour de Boghni, à une quinzaine de kilomètres seulement de distance, qui tombe sous le diktat des kidnappeurs avec 10 enlèvements enregistrés en un an, dont 4 dans le même village d'Aït Kouffi. La dernière victime, un ancien entrepreneur de 80'ans, qui vivait dans le dénuement, était encore jusqu'à hier soir entre les mains de ses ravisseurs.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)