Algérie

Inscription des militaires sur les listes électorales : Les non-dits d'une polémique


Inscription des militaires sur les listes électorales : Les non-dits  d'une polémique
Depuis une semaine, Louisa Hanoune s'emploie, corps et âme, à  dénoncer «des tentatives» de fraude électorale. Après sa surprenante sortie de jeudi dernier, où elle avait parlé d'une tentative d'«injecter» des centaines de milliers de militaires dans le fichier électoral de certaines wilayas du Sud, la patronne du Parti des travailleurs ne fait que redoubler de férocité. Hier encore, dans un meeting à  Bouira, Mme Hanoune est revenue à  la charge, accusant des «personnalités politiques», sans les nommer bien entendu, de vouloir gonfler les listes électorales en y ajoutant des dizaines de milliers de militaires. Visiblement irritée par la réponse d'Ahmed Ouyahia sur le sujet, elle se fera un plaisir de le charger en lui signifiant carrément qu'il aurait dû se taire.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait, faut-il le rappeler, défendu l'institution militaire en déclarant que «l'armée n'est pas un corps de trafiquants, la République encore moins.» Il est allé jusqu'à qualifier la sortie de Mme Hanoune de «propagande» qui ne dit pas son nom. Une propagande qui porte atteinte, selon lui, à  «la crédibilité de l'Etat et de l'armée au premier chef».
Cet affrontement verbal suscite beaucoup de questions, autant que l'acharnement de Mme Hanoune à  dénoncer l'inscription des militaires sur les listes électorales. Pourquoi cette polémique entre deux formations politiques qui, jusque-là, entretiennent de bonnes relations ' Pourquoi Mme Hanoune insiste-t-elle sur le sujet au point d'en faire son cheval de bataille dans cette pré-campagne électorale ' Est-elle manipulée ' Fait-elle partie d'un clan au pouvoir qui aurait intérêt à  accuser l'armée de frauder ' De telles interrogations sont légitimes, d'autant plus que les wilayas ciblées par cette fraude dénoncée sont de faible démographie, et par ricochet, loin de peser grandement sur les résultats des prochaines élections. Aussi, Mme Hanoune ne remet pas en cause le droit des militaires à  voter. Elle refuse seulement qu'ils soient mis sur les listes électorales au-delà des délais fixés par la loi. Et pour elle, la réponse du ministère de l'Intérieur n'est pas convaincante. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales avait expliqué que «compte tenu, notamment, de la mobilité liée à  leur présence au niveau des zones sensibles, particulièrement frontalières, l'inscription de cette catégorie d'électeurs sur les listes électorales communales peut s'effectuer en application du droit de recours prévu par les dispositions de l'article 22 de la loi organique n°12-01 du 12 janvier 2012, relative au régime électoral, sous réserve, bien entendu, de la radiation préalable des intéressés des listes électorales sur lesquelles ils étaient précédemment inscrits». Pour Mme Hanoune, dont la proximité avec le président Bouteflika n'est pas à  prouver, ces militaires sont toujours inscrits dans leurs communes d'origine. Comment ose-t-elle une telle affirmation ' A-t-elle mené une enquête sur notamment ces 33 000 militaires de Tindouf ' Autant de zones d'ombre qui restent à  clarifier ' S'est-elle rendu compte du préjudice que pourrait causer une telle information sur une région aussi sensible ' C'est carrément livrer un renseignement militaire stratégique d'une extrême délicatesse. C'est lever un secret-défense. Et pour une ex-candidate à  la présidence de la République, c'est une maladresse d'une extrême gravité.
Dans ses accusations, Mme Hanoune mettait en avant la «bravoure» des magistrats ayant refusé d'inscrire ces dizaines de milliers de militaires sur les listes électorales. Des magistrats qui ont été, bien entendu, nommés par le chef de l'Etat, qu'elle continue de défendre bec et ongles. D'ailleurs, Mme Hanoune n'a jamais critiqué le premier magistrat du pays, lui qui s'est offert contre la volonté populaire un troisième mandat. Au contraire, elle vient à  son secours en pleine révolte arabe en disant haut et fort que «le président Bouteflika n'est ni Moubarak ni Ben Ali». Il «détient le pouvoir de prise de décisions pour restaurer la confiance entre les citoyens et le pouvoir».
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