Inquiétudes

«J'ai beaucoup mieux à faire que de m'inquiéter de l'avenir: j'ai à le préparer». Félix-Antoine SavardJusqu'à la crise des subprimes provoquée par le système bancaire anthropophage US, les citoyens américains étaient parvenus grâce aux contrats léonins arrachés par leur présence armée sur toute la planète parvenus à l'un des niveaux de vie les plus élevés du monde, Ils connaissent ainsi, malgré une âpre lutte pour le succès économique, une vie tapissée de confortables certitudes. Pour les démobiliser et les dépolitiser, les décideurs et les stratèges des grands groupes financiers qui font des prospectives sur les cinquante années à venir inoculent à leurs concitoyens des angoisses irraisonnées pour les distraire de leurs préoccupations citoyennes. Et tous les moyens sont bons pour leur inculquer cette sourde inquiétude des gens comblés par le destin. Il fallait d'abord par créer un ennemi public N° 1, un ennemi mortel: ils le trouveront dans le bolchévisme et l'Urss qui en est le repaire. Le communiste restera le danger public, l'homme porteur d'un virus mortel, l'homme à abattre porteur de toutes les tares universelles. La chasse aux sorcières se déchainera au beau milieu de la Guerre froide et le maccarthysme utilisera pour combattre ce fléau tous les moyens possibles: le cinéma, la télévision, le roman. Après le grand safari, la grande croisade contre le communisme, la télévision américaine va innover en multipliant les émissions sur les manifestations «d'étranges créatures venues d'ailleurs». Cela commence par de longues séries comme les Envahisseurs (qui présentent des caractères physiques du type slave) et les Visiteurs, de tout acabit, des ET, des Alfie, des extra-terrestres de tous formats,. C'est un comble pour une nation qui s'invite dans chaque pays où il y a une ressource à piller, de disserter longuement sur le danger d'autres envahisseurs. Il faut faire état de mystérieux «reportages» qui semblent fabriqués de toutes pièces pour un public crédule et peu au fait des progrès scientifiques et de la politique comme de la géographie. Ces reportages font état d'apparitions d'Ovni: les témoins sont en général des gens du commun, de braves gens qui ont vu de leur jardin ou en rase campagne des lueurs fugitives dans le ciel, puis ces lumières ont soudainement disparu comme elles ont apparu. Le lien est aussitôt établi avec les soucoupes volantes qui abondent dans les récits de science-fiction très à la mode alors en Amérique. Les spécialistes de cette littérature à quatre sous feront tout de suite référence aux expériences que mène l'armée américaine dans le désert du Nevada.... Mais la psychose est savamment entretenue par la presse qui trouve là une occasion pour vendre du papier.Le sommet de l'arnaque est atteint quand on monte de toutes pièces des reportages sur des rencontres de troisième type. Cela se passe en général, dans ce désert qui a vu les premières expériences nucléaires et balistiques américaines. Les témoins oculaires sont «d'anonymes scientifiques» qui ont travaillé dans la base de «l'Area 451», des détectives chevronnés confirment d'ailleurs le bien-fondé de ces déclarations et avouent s'être heurtés au mur du silence de l'administration américaine qui veut bloquer, effacer toute recherche sur l'identité des témoins ou sur la véracité de leurs récits: du monde de l'étrange on passe ainsi au monde de l'espionnage. Ce sont finalement des émissions farcies d'artifices, de trucages et d'effets spéciaux que propose Encyclopedia. Mais pour rencontrer des extra-terrestres, pas besoin d'aller loin: il suffit de vous brancher sur l'Unique!