Algérie

Inquiètes sur le commerce et la croissance Les Bourses en Europe finissent en baisse


Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge mardi et Wall Street perdait du terrain à mi-séance après un indicateur américain décevant et dans un climat d'inquiétude persistante sur les négociations commerciales entre Washington et Pékin.
À Paris, l'indice CAC 40 a reculé de 0,49% à 5.466,07 points. Le Footsie britannique a perdu 0,19% et le Dax allemand 0,36%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,34%, le FTSEurofirst 300 0,22% et le Stoxx 600 0,23%.
Avec la mise en place de nouveaux droits de douane pendant le long week-end de Labor Day, les intervenants commencent à perdre confiance dans la capacité des deux premières économies mondiales à régler leur conflit commercial, qui dure depuis un an et demi et pèse sur les marchés et sur l'économie mondiale.
La publication dans l'après-midi des résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) montrant que les Etats-Unis ont connu la première contraction de leur activité manufacturière depuis 2016 a accentué le repli à Wall Street en Europe, ainsi que la baisse des rendements obligataires. "Tout d'optimisme sur les négociations commerciales a été anéantie par l'indice ISM, qui a montré une contraction de l'activité manufacturière", souligne Tim Ghriskey (Inverness Counsel). "On espère que les Etats-Unis vont surmonter la tourmente avec l'aide de la Fed", ajoute-t-il. "Mais la faiblesse de l'industrie manufacturière semble devoir durer. Ce rapport ne tient pas du hasard." Le marché évalue désormais à 10% la probabilité que la Réserve fédérale annonce une baisse de taux de 50 points de base (pdb) à l'issue de sa réunion, le 18 septembre prochain, contre 0% vendredi, selon le baromètre FedWatch de CME Group. Les 90% restants misent sur une baisse de 25 points de base. A la clôture en Europe, la Bourse de New York recule nettement: le Dow Jones perd 1,12% à 26.107,97 points et le Standard & Poor's 500, plus large, recule de 0,62% à 2.908,35 points. Le Nasdaq Composite cédait de son côté 0,93% à 7.888,49 points. Apple et Caterpillar, sensibles aux négociations commerciales, perdent respectivement 1,75% et 2,63%. Boeing est la valeur qui pèse le plus sur le Dow avec une perte de 2,93%. L'autorité fédérale de l'aviation civile, la FAA, a annoncé vendredi que le comité d'experts internationaux chargé du dossier du Boeing 737 MAX aurait besoin de quelques semaines supplémentaires pour achever son rapport sur la certification de l'appareil, immobilisé depuis près de six mois.

Valeurs
Une grande majorité des indices sectoriels européens a fini dans le rouge. A Paris, les valeurs du luxe ont figuré parmi les plus fortes baisses du CAC 40, avec des replis de 1,69% pour Kering et de 2,0% pour LVMH, lanterne rouge de l'indice. A noter aussi, la baisse de 6,29% d'Iliad qui a annoncé avoir perdu 127.000 abonnés en France au premier semestre.
Sanofi (+1,91%) a profité d'une note de Bernstein qui entame son suivi sur la valeur avec une recommandation à "surperformance". Renault est la troisième plus forte hausse du CAC, avec un gain de 0,83%, le titre s'étant retourné à la suite d'une information de Bloomberg signalant des progrès dans les discussions entre le Japon et la France en vue de renforcer le partenariat avec Nissan. En Europe, les prix à la production ont légèrement augmenté en juillet après quatre mois de recul, à cause de la hausse des prix de l'énergie. Aux Etats-Unis en revanche, l'activité manufacturière s'est contractée en août pour la première fois depuis 2016, selon l'indice ISM et les dépenses de construction ont à peine augmenté en juillet.

Wall Street recule
La Bourse de New York a terminé dans le rouge mardi après la publication d'une enquête reflétant une contraction de l'activité du secteur manufacturier en août, une première depuis 2016 qui alimente la crainte d'une récession aux Etats-Unis sur fond de guerre commerciale avec la Chine. L'indice Dow Jones a perdu 285,26 points, soit 1,08%, à 26.118,02 et le Standard & Poor's 500, plus large, a cédé 20,19 points, soit 0,69%, à 2.906,27. Le Nasdaq Composite a reculé de 88,72 points, soit 1,11%, à 7.874,16.
Les marchés américains étaient restés fermés lundi pour le Labor Day, jour férié aux Etats-Unis, et n'avaient donc pas réagi à l'entrée en vigueur la veille de nouveaux droits de douane américains et chinois sur des dizaines de milliards de dollars de produits échangés entre les deux pays. Orientée à la baisse dès l'ouverture, la tendance s'est accentuée après la publication de l'indice ISM manufacturier, tombé en août à 49,1. Un chiffre inférieur aux attentes (le consensus Reuters le donnait à 51,1) et surtout loin du seuil de 50 sous lequel il traduit une contraction de l'activité. En baisse pour le cinquième mois consécutif, cet indicateur très surveillé est au plus bas depuis janvier 2016. "L'ambiance était déjà mauvaise en début de séance et les chiffres plus faibles qu'attendu sur le secteur manufacturier n'ont fait qu'amplifier la tendance", explique Dave Mazza, directeur exécutif de la société de gestion d'actifs Direxion. "On a désormais confirmation du fait que l'escalade dans la guerre commerciale s'est répercutée au secteur manufacturier américain tout comme au secteur manufacturier partout dans le monde." Pour Randy Frederick, vice-président trading et dérivés de Charles Schwab, "les signaux (de récession) s'accumulent et cela en fait un de plus". Il juge donc "très réaliste" l'hypothèse d'un retournement de la conjoncture d'ici la fin 2020.
Selon le modèle de prévision de la Réserve fédérale d'Atlanta, la croissance du produit intérieur brut (PIB) américain devrait tomber à 1,7% en rythme annualisé sur juillet-septembre, après 2,0% au deuxième trimestre.

Valeurs
L'indice S&P des valeurs industrielles a cédé 1,42%, le repli le plus marqué au sein des 11 grands indices sectoriels S&P.
Celui des hautes technologies a cédé 1,26% tandis que le Philadelphia Semiconductor abandonnait 1,77%. Les seuls secteurs en hausse sont les compartiments défensifs des produits de consommation courante (+0,51%), de l'immobilier (+1,31%) et des services aux collectivités ("utilities") (+1,75%). Boeing a pesé sur le Dow, chutant de 2,66% après l'annonce vendredi par la Federal Aviation Administration (FAA) d'un report de plusieurs semaines du rapport des experts chargés de statuer sur la sécurité du 737 MAX, immobilisé depuis près de six mois. Parmi les autres baisses marquantes du jour figurent celle des exploitants de casinos implantés à Macao, où les revenus du jeu ont baissé en août, comme Las Vegas Sands (-2,15%) ou MGM Resorts (-3,46%). Les fabricants d'armes American Outdoor Brands (propriétaire de la marque Smith & Wesson) et Sturm Ruger ont cédé respectivement 4,49% et 0,59% après la décision de Walmart (+0,33%) de cesser de vendre des munitions pour armes de poing.

Changes
Le dollar était pratiquement inchangé au moment de la clôture de Wall Street face à un panier de devises de référence mais il a atteint en séance son plus haut niveau depuis mai 2017, profitant surtout d'un mouvement de recherche de sécurité face aux tensions commerciales et aux nouvelles turbulences du Brexit.
Ce dernier facteur a de nouveau favorisé la baisse de la livre sterling, qui a encore cédé du terrain au dollar et à l'euro. La monnaie unique, elle, s'est stabilisée face au billet vert autour de 1,0970 après avoir atteint son plus bas niveau depuis mai 2017 à 1,0926 dollar en réaction aux informations de Reuters sur les débats au sein de la BCE. L'"indice dollar", qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence, a atteint un pic de plus de deux ans, les cambistes s'étant tournés vers la devise américaine dans l'incertitude sur le Brexit et le commerce, même s'il a réduit ses gains après l'indice ISM manufacturier. "Il s'agit d'une quête de sécurité plutôt qu'un mouvement fondé sur le différentiel de taux", dit Steven Englander chez Standard Chartered. Les marchés monétaires intègrent désormais une probabilité de plus de 80% d'une baisse de 20 points de base du taux de dépôt de la Banque centrale européenne à sa prochaine réunion de politique monétaire. La livre est remontée à 1,2085 dollar, après être tombée en séance sous le seuil de 1,20 dollar face au conflit au Parlement britannique sur le Brexit.

Taux
Les rendements des obligations souveraines reculent encore. Celui des Treasuries à 10 ans perd 5,7 point de base (pdb) à 1,451% et le Bund allemand à 10 ans, référence de la zone euro, suit le mouvement pour tomber à un nouveau plus bas record, de -0,70%, en baisse de 1,3 pdb. Le rendement italien à 10 ans est tombé à un plus bas record de 0,855%, un mouvement favorisé par l'optimisme quant à la probabilité que le Mouvement 5 Etoiles (M5S) parvienne à un accord de coalition avec le Parti démocrate. Le rendement des obligations britanniques à 10 ans a également touché un plus bas historique à 0,341% avant de remonter à 0,411%, alors que l'opposition à un Brexit sans accord s'organise pour tenter d'éviter un "No Deal" le 31 octobre prochain. Le mauvais chiffre de l'indice ISM manufacturier a logiquement favorisé la baisse des rendements obligataires, sur la totalité des échéances. En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans perdait 3,4 points de base à 1,4708% après être revenu à 1,429%, son plus bas niveau depuis juillet 2016. Le deux ans cédait quatre points à 1,464% et le 30 ans points un point à 1,9619%. La baisse était plus marquée sur les échéances les plus courtes, favorisant une repentification de la courbe, dont le segment deux ans-dix ans n'est désormais plus inversé.
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