L'analyse des données a révélé que 36% des patients sont des jeunes âgés entre 20 et 24 ans, alors que 28% sont âgés entre 30 et 34 ans. Mais c'est l'addiction qui prend de l'ampleur chez les plus jeunes qui inquiète désormais, l'étude ayant révélé que 7% des patients sont âgés de 15 à 19 ans seulement.Deux nouvelles études présentées jeudi à Tizi Ouzou permettront désormais, à coup sûr, de mieux cerner le phénomène de la toxicomanie qui ne cesse de ravager la société, sinon au moins de mieux établir le profil social du patient addict.
Présentée par le Dr Sofiane Zeggane, la première de ces deux études a été réalisée au centre de prise en charge des addictions (Certa), relevant du service de psychiatrie du CHU de Tizi Ouzou, qui reçoit des patients de pas moins de quarante wilayas du pays. Menée du 23 avril au 22 juillet derniers, soit sur une période de trois mois, cette étude, présentée sous l'intitulé "Evaluation de l'addiction au cannabis par l'échelle Cast chez les patients pris en charge au niveau du Certa", a pris pour échantillon 107 patients issus des différentes régions du pays.
De prime abord, l'analyse des données a révélé que 36% des patients sont des jeunes dont la tranche d'âge se situe entre 20 et 24 ans, alors que 28% sont âgés entre 30 et 34 ans. L'addiction chez les plus jeunes devient également un phénomène qui inquiète désormais, tant cette étude a révélé que 7% des patients sont âgés de 15 à 19 ans seulement.
Sans surprise, 94,34% des patients sont des hommes contre 5,6% pour les femmes. En termes de niveau d'études, les jeunes de niveau moyen sont, avec un taux de 50,47%, les plus touchés par l'addiction au cannabis. Cette catégorie est suivie de celle de niveau secondaire avec 32,75%, puis de celle de niveau universitaire avec 10%.
Cette étude, qui s'est intéressée également au milieu de vie des personnes addictes, a révélé que 73,85% des patients sont issus du milieu urbain contre 26% issus du milieu rural.
Elle a, également, établi que l'addiction au cannabis est prédominante chez les personnes au chômage, tant leur taux est de 42,99%. Mais cela dit, bien qu'au chômage, les patients ne sont pas forcément de mauvaise condition socioéconomique. L'étude précise que 53% des patients étudiés sont de condition socioéconomique moyenne. Ce qui semble encore plus inquiétant, c'est l'âge du début de la consommation des drogues.
Si 60,75% ont débuté leur consommation entre 15 et 19 ans, il y a aussi 22,43% qui ont commencé à consommer du cannabis entre 10 et 14 ans, a montré cette étude, qui précise également que 95% de l'échantillon étudié sont des cas de polyaddiction et 71,91% sont dans une dépendance totale.
Lors de sa présentation de l'étude, le Dr Zeggane a, toutefois, précisé que "cette étude est essentiellement observationnelle" et qu'"elle ne prétend aucunement qu'elle soit épidémiologique de registre analytique".
"Cette étude est appelée à être développée et analysée. Son objectif est d'analyser l'activité de notre service et d'en faire un état des lieux, et surtout de prévenir l'opinion publique quant aux conduites addictives", a-t-il souligné tout en précisant que la consommation entraîne souvent le syndrome de sevrage, des troubles cognitifs et de concentration sans compter les dégâts sur la famille et la société.
"La consommation de cannabis, qui touchait, selon l'OMS, 188 millions de personnes dans le monde en 2017, est devenue, en Algérie, un problème de santé publique qui touche aujourd'hui toutes les catégories sociales", a-t-il alerté. La seconde étude présentée à la même occasion est, quant à elle, réalisée à l'EPH de la wilaya de Béchar.
Le Dr Benmoussa qui l'a présentée a expliqué qu'elle porte essentiellement sur l'usage détourné de la "Prégabaline", un médicament contre l'épileptie qui est utilisé comme drogue. Cette étude prospective effectuée de septembre 2018 à août 2019, soit sur une durée d'une année, a pris pour échantillon 107 hommes et 14 femmes habitués à consommer de la Prégabaline.
Cette étude, qui devait aboutir à l'identification du profil du consommateur de ce produit, a révélé que 45% des consommateurs sont d'âge moyen, mais qu'ils commencent tous sa consommation entre 16 et 19 ans. Elle révèle également que 76% d'entre eux sont célibataires, 58% sont au chômage et 62% ont des antécédents carcéro-judiciaires.
37% des patients consomment cette drogue pour se désinhiber et être sociables, 23% sont plutôt à la recherche de nouvelles sensations et 45% y recourent en plus du cannabis.
Son mode d'acquisition est à 61,98% dans le marché informel, et le reste auprès de parents qui en consomment pour des raisons médicales. Analysant les facteurs conduisant à cet usage détourné de la Prégabaline, le Dr Benmoussa a expliqué qu'elles sont similaires à celles des autres drogues, à savoir l'oisiveté, le vide, le manque de moyens et de loisirs.
"Avec une population nationale où les jeunes représentent 65%, les dégâts peuvent être trop importants", a-t-il prévenu lors de la journée nationale de la psychiatrie organisée à l'hôtel Relais Vert" d'Oued Aïssi, à Tizi Ouzou, sous le thème "La psychiatrie tourmentée".
Samir LESLOUS
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir LESLOUS
Source : www.liberte-algerie.com