Algérie

Innocenté cinq ans après son exécution


Innocenté cinq ans après son exécution
Là où il se trouve aujourd'hui six pieds sous terre, Cameron Todd Willingham n'aura jamais le bonheur d'assister à sa réhabilitation. Reconnu coupable de l'incendie de sa maison qui a provoqué la mort de ses trois enfants en 1991, ce Blanc texan a été condamné à mort. Bien qu'il ait toujours clamé son innocence, Cameron a été exécuté en 2004 par injection létale par intraveineuse. Dix-huit ans après les faits, une remarquable enquête du non moins remarquable hebdomadaire américain The New Yorker (septembre 2009) démontre la non culpabilité de Cameron et relance ainsi le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis. Auteur de cette enquête, David Grann y accuse tout simplement l'Etat du Texas, qui possède le triste palmarès du plus gros pourvoyeur en matière d'exécutions d'avoir tué un innocent. C'était en 1991. Cameron, 23 ans, dormait avec ses trois filles dans sa maison en bois sise dans une banlieue ouvrière du Texas quand le feu embrase sa résidence. Les trois enfants périssent dans le brasier, Cameron en échappe. Curieux, louche, étrange que lui s'en tire indemne alors que ses trois rejetons sont carbonisés. Les enquêteurs, convaincus que le coupable avait utilisé un accélérateur de feu, orientent leurs soupçons vers le père. Evidemment, sans preuves tangibles, irréfutables. Lors de son procès, Cameron, jeune homme de condition modeste, est défendu par des avocats commis d'office, incompétents de surcroît. Accroché à son innocence, il refuse de plaider coupable, ce qui lui aurait évité la condamnation à mort. Le procureur s'est tout bonnement mis des 'illères en affirmant que le prévenu a tué ses gosses « pour continuer à boire sa bière et jouer aux fléchettes ». Quant aux deux experts psychiatriques, ils sont formels en décrivant le malheureux père comme un « très dangereux sociopathe », sans même l'avoir examiné. La cause est donc entendue. En 1992, le tribunal reconnaît Cameron coupable d'incendie volontaire ayant entraîné la mort de ses filles. Ses appels et ses recours ayant tous été rejetés, il est exécuté le 17 février 2004. Mais voilà ! Un spécialiste en incendie atteste, en août dernier, que le feu qui avait ravagé la maison de Cameron et emporté ses enfants était d'origine accidentelle. Deux autres experts avaient auparavant abouti, en 2004 et 2006, à la même conclusion. Bien sûr, un article du New Yorker ne lui rendra jamais la vie, mais il servira au moins à donner des munitions pour les partisans de l'abolition de la peine de mort. La mort de Cameron Todd sauverait peut-être la vie de centaines de condamnés.
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