Innocence suspendue

Le drame des enfants nés dans le maquis terroriste n'a toujours pas trouvé d'issue juridique. Seule une quarantaine d'enfants ont pu retrouver une identité, alors que les autres sont suspendus à une décision politique que devrait prendre le premier magistrat du pays.
Il est vrai que ce ne sera jamais facile d'assumer le fait d'être un enfant de terroriste, mais il est aussi vrai que vivre sans identité aucune est, tout simplement, insupportable.
Les enfants n'ont rien fait pour mériter un tel drame. Ils payent les erreurs des 'adultes' et subissent, quotidiennement, cette souffrance de ne pas pouvoir vivre leur enfance comme tous les autres, d'évoluer en marge de la société. Grandir dans de telles conditions ne présage rien de bon. Tous les spécialistes vous le diront.
C'est donc, la responsabilité de l'Etat et de la société, de prendre en charge cette frange de la population, ne pas la sanctionner doublement, en la maintenant dans une sorte de ghetto.
L'Etat, qui a pris sur lui la tâche de réaliser la réconciliation nationale, en accordant des grâces aux terroristes et même en indemnisant les familles des terroristes abattus, semble buter sur le cas des enfants nés au maquis.
L'Etat a buté également sur le cas des mères célibataires, laissant traîner des drames des années durant. Une attitude qui met de plus en plus d'enfants en marge de la société et qui les expose à toutes les dérives.
Un enfant ne doit, en aucun cas, payer les erreurs des adultes. Il ne doit, sous aucun prétexte, subir les hésitations du législateur. Au contraire, tout doit militer en vue d'offrir aux enfants, à tous les enfants, un environnement propice pour qu'ils s'épanouissent et grandissent dans un milieu sain. Ce n'est pas un luxe ou une gâterie. C'est tout simplement la condition sine qua non pour préparer la génération de demain.
Lorsqu'on vole son innocence à un enfant, on ne peut rien espérer de bon de sa part.
A. B.