INGESTION DE PRODUITS TOXIQUES La prévention est primordiale», selon le professeur Benaïbouche

L'ingestion de produits toxiques représente un problème de santé publique, selon le professeur Benaïbouche, chef de service chirurgie générale au CHU de Bab-El-Oued.
F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - Intervenant hier dans le cadre du forum du quotidien DK News, le professeur Benaïbouche a expliqué que l'ingestion de produits toxiques est une véritable menace pour la santé publique au vu des conséquences graves sur les victimes. «Il s'agit de conséquences dramatiques sur les plans vital, fonctionnel et psychologique. Les victimes ne peuvent s'alimenter par voie orale et leur pronostic vital est mis en jeu», a déclaré le spécialiste notant qu'en plus des problèmes psychologiques qui en découlent, s'ajoutent les effets liés à l'ingestion de ces produits. «Ils sont dans l'impossibilité de s'alimenter par la bouche, nous devons dès lors introduire un tuyau chirurgicalement» explique l'intervenant. Ainsi, si l'ingestion de produits toxiques est très fréquente chez l'adulte, chez l'enfant elle est accidentelle. Cette ingestion intéresse l'adulte jeune et plus spécialement les femmes, annonce le professeur Benaïbouche. Ainsi en 2009, la prise de produits toxiques a représenté 24% de l'accueil en général au niveau de l'hôpital, alors que la grande majorité, soit 80% des personnes concernées, sont des jeunes issus de milieu rural très défavorisé. Il s'agit de produits caustiques ou toxiques pris accidentellement ou dans des cas de tentatives de suicide. Si les substances toxiques passent dans le sang, les produits caustiques causent des lésions graves à l'œsophage et à l'estomac, notamment. Pour ce qui est des produits ingérés, il s'agit d'acides forts, dont les bases fortes et fluides, les détartrants, les antirouille et acides de batteries, les décapants de fours, les déboucheurs de canalisations, les détergents pour lave-vaisselle et les oxydants. «75% des patients présentent des lésions superficielles du tractus digestif qui guérissent sans séquelles», note le professeur qui ajoute que dans certains cas, l'acte opératoire est inévitable afin de remplacer l'œsophage brûlé. Selon ce spécialiste, la conduite à tenir devant une ingestion de produits toxiques est codifiée et multidimensionnelle, ceci d'autant que le décès est retardé de 10% en cas d'application de gestes adéquats. «Il faut donc une prise en charge précoce de ces patients dès la brûlure», souligne le professeur. En vue d'éviter ces situations dramatiques, le même spécialiste préconise d'aller vers des actions de prévention, notamment pour ce qui est des cas de suicide. Concernant les accidents, il est recommandé de ne pas mettre des produits détergents ou toxiques dans des récipients alimentaires, de veiller à l'étiquetage et à une prise en charge psychiatrique pour les personnes fragiles psychologiquement.