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Informer



Informer
«Bien informés, les hommes sont des citoyens; mal informés, ils deviennent des sujets.» Alfred Sauvy
Si la presse existe, c'est qu'il y a un réel besoin d'information de la part de l'opinion publique tout comme il y a une nécessité pour les pouvoirs publics d'entretenir un lien entre l'administration et les administrés. C'est pourquoi la presse ne peut être innocente par la façon de distiller ses informations ou par ses silences souvent plus éloquents que de longues dissertations. Il y a des événements qui jouissent de beaucoup de publicité, d'autres qui passent dans un discret entrefilet à la rubrique des chiens écrasés et d'autres qui passent à la corbeille à papier.
Les éditeurs traitent l'information selon les circonstances et selon la nature du terrain. C'est une tâche très difficile, très compliquée. Informer un public formé de personnalités disparates et comptant toutes les tendances politiques possibles et imaginables contenues dans l'encyclopédie, est un travail ardu et presque difficile. Car en même temps que le journaliste, le reporter ou le rédacteur, sur la foi d'une ou de plusieurs dépêches, concocte, usine ou bâcle son article, il participe à la formation de l'opinion publique dont il est lui-même l'une des individualités. Car quand un journaliste traite d'un sujet, il projette en même temps sur le papier la réalité qu'il perçoit sur le terrain avec sa propre sensibilité, sa propre culture, c'est-à-dire sa formation intellectuelle, idéologique et esthétique. Souvent, il est handicapé par la manière dont fonctionnent les diverses institutions.
On a beau clamer l'existence d'une certaine liberté d'expression et d'une pluralité d'opinions, on ne peut que déplorer la rétention de certaines informations et le silence de certains responsables d'institutions concernées: un enfant vient de subir une agression sexuelle dans un établissement scolaire de renom. La directrice dudit établissement se dérobe derrière sa hiérarchie. Curieusement, l'opinion publique n'a pas accès à la réaction des parents ou des autorités concernées par ce crime atroce. Le lecteur n'aura pas droit à un profil du présumé coupable. Le pauvre journaliste devra se contenter de transmettre les sentiments de gens anonymes. Ce n'est pas le cas de l'autre côté de la mer: un crime sexuel est commis. Les témoins anonymes s'expriment à visage couvert devant les caméras. Le présumé coupable est vite repéré dans les locaux de la gendarmerie. Son profil et ses antécédents judiciaires sont portés à la connaissance du public. Les parents de la victime lancent des appels.
Le procureur chargé de l'enquête donne une conférence de presse. Les responsables de l'établissement donnent leur point de vue. Des psychologues et des psychiatres émettent des avis. Des chiffres alarmants illustrent une rétrospective sur le phénomène des agressions sexuelles.
Les lecteurs ou les téléspectateurs reçoivent un vaste spectre d'informations concernant la sordide affaire. En outre, il y a rarement un suivi des affaires. Personne ne connaîtra les tenants et les aboutissants de l'affaire dite du «Python d'El Harrach». Etait-ce un simple canular destiné à masquer quelque réalité gênante ou bien l'invention d'un canard qui patauge dans ses invendus' Alors, que dire de ces affaires qui passent à la trappe parce qu'il n'existe pas de parapluie et que la météo est incertaine. D'autres sulfureuses affaires connaissent le sort des serpents de mer: elles apparaissent et disparaissent de l'actualité en fonction de la houle.
C'est dire combien est difficile le dur métier de journaliste qui doit éviter tous les écueils, déontologiques, judiciaires, moraux, économiques et subjectifs. Heureusement qu'il existe par ailleurs des satisfactions morales plus valorisantes que toutes les gratifications matérielles que recèle le quatrième pouvoir.


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