L?enquête réalisée dernièrement par l?Office national des statistiques montre, si besoin est, combien le secteur de l?informel a encore de beaux jours devant lui. Elle révèle ainsi que plus de la moitié des salariés travaillent au noir et ne bénéficient pas des avantages sociaux de la sécurité sociale. Une telle situation laisse peser de réelles inquiétudes au plan économique et social. Non seulement à terme c?est l?avenir même des caisses d?assurances sociales des salariés qui risque d?être compromis : le nombre de cotisants se réduisant comme une peau de chagrin, les difficultés financières de ces caisses ne manqueront d?apparaître au grand jour tôt ou tard. Il sera alors pratiquement impossible à celles-ci d?assurer les prestations sociales à leurs cotisants. Au-delà de cette difficulté conjoncturelle, à laquelle les pouvoirs publics et l?Etat seront obligés de faire face, vient se greffer une profonde inquiétude, à savoir celle qui vient confirmer que la sphère économique est régie par les règles informelles. Ce que l?on savait déjà certes d?une manière empirique, mais que les données statistiques viennent préciser et mettre en exergue. Cette dérive du fonctionnement de l?économie n?épargne ni le secteur public ni les entreprises privées aussi bien en aval qu?en amont de la production. Elle touche aussi bien la production nationale où l?on estime qu?entre 30 et 40% des produits sont contrefaits, que les importations où la part de la contrefaçon est nettement supérieure. Les industries locales sont directement menacées par cette activité illicite qui touche aussi bien les produits alimentaires, du vinaigre en passant par le tabac jusqu?aux matériaux de construction, comme le ciment ou la robinetterie. Des entreprises publiques ont d?ailleurs estimé ces pertes. Pour la robinetterie imitée en Chine et écoulée sur le marché national, la société BCR perd 400 millions de dinars soit 25% de son chiffre d?affaires. Ce qui représente entre 20 et 30% de perte de marché. C?est combien la menace qui pèse sur cette entreprise, qui risque à terme de disparaître, est réel. Cela sans compter les conséquences qu?une telle situation peut avoir directement sur la santé des Algériens pour les produits alimentaires, le tabac ou les pièces de rechange auto. Cette généralisation de l?informel, de l?activité au noir qui gangrène toute la sphère économique concerne les pratiques de gestion si l?on peut dire. Comme celle qui consiste à ne pas déclarer les employés à la sécurité sociale, à vendre sans facture et à effacer toute « traçabilité » physique et financière, outre les manques à gagner pour la collectivité nationale, va se traduire à plus ou moins longue échéance à l?anéantissement de toute activité économique fortement dépravée par des pratiques illicites de gestion et de commerce. C?est dire l?ampleur de la menace qui pèse sur l?activité de production et du commerce avec les conséquences au plan social. Dès lors un retour normal à l?ordre des choses suppose une reprise en main de l?activité de régulation et de contrôle de l?Etat, loin de toute contradiction avec les lois du marché. Une reprise en main qui impliquerait tous les services concernés du commerce, des finances, des douanes, de la justice, de la santé, etc. En d?autres termes, c?est un vrai plan de sauvetage de l?activité de production au sens large, qu?il s?agira de mettre en ?uvre.
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Posté Le : 19/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : www.elwatan.com