Algérie - Revue de Presse

Information comme élément de développement



«Les stratégies de développement n'ont aucun sens si elles ne prennent pas en compte le nouveau rôle du savoir dans la création de la richesse et l'impératif d'accélération qui l'accompagne [...] Néanmoins, aucun de ces efforts ne portera ses fruits si le pays concerné ne devient pas partie prenante à l'économie mondiale à rythme rapide, aux réseaux de télécommunications et à l'informatisation qui la sous-tendent [...] La nouvelle clé du développement est claire : le fossé qui doit être comblé est d'ordre informatique et électronique. Il ne s'agit pas d'un fossé entre le Nord et le Sud, mais d'un déphasage entre rapides et lents », tel est l'avis judicieux du futurologue Alvin Toffler. Dans ce type de société et au sens où Alvin Toffler l'entend, l'information prend une part dominante dans l'activité humaine et qui constitue, par ailleurs, un des fondements de la transformation des rapports économiques et sociaux. Pour réfléchir aux NTIC dans une perspective de développement socio-économique, il faut, je crois, comprendre ce qu'elles signifient aujourd'hui dans notre quotidienneté et réfléchir à ce qu'elles pourraient représenter demain. Naguère considérée comme facteur non déterminant, l'information a acquis ces deux dernières décennies une valeur remarquée et remarquable. Il suffit de voir son enjeu socio-économique, pour se rendre compte qu'il y a là un phénomène face auquel, il est en effet très difficile de rester indifférent, car il est important pour la société, l'Etat, la culture, l'enseignement et le monde de l'entreprise en général. Ainsi, non seulement l'information peut jouer un rôle non mineur dans le développement, mais elle peut aussi permettre d'agiter des attitudes humaines et organisationnelles qui déterminent ce processus. Même si cette dynamique ne permet pas de toucher tous les secteurs avec la même force argumentaire, elle permet cependant de présenter une grille de lecture facilitant l'appréciation et l'émergence des nouvelles conceptions qui forgeront le monde de demain.

Comme le dit très bien l'éminent chercheur Daniel Bell, « la plus importante transformation de la société contemporaine, qui n'est toujours pas complètement réalisée d'ailleurs, réside dans l'accroissement sans précédent de la codification du savoir théorique (...). La connaissance est depuis toujours à la base de la communication et également des progrès techniques. Cependant, la codification du savoir théorique est sans précédent, et son lien direct avec l'innovation, l'industrie et l'économie est nouveau dans l'histoire longue de l'humanité. C'est fondamentalement le savoir théorique et ses avancées qui conduisent aujourd'hui le changement ».

C'est là une première observation, quant à cette option, faute de quoi il n'y a véritablement aucune raison pour que l'Etat et la société en général s'intéressent à cette question.

En paraphrasant Manuel Castells, on peut dire que ce qui distingue l'actuelle ère, ce n'est pas le rôle majeur de l'information, mais l'application de celle-ci aux procédés de création des connaissances, de traitement et de diffusion de l'information en une boucle de rétroaction cumulative entre l'innovation et ses utilisations pratiques.

Il faut, par conséquent, prendre en compte le rôle des NTIC comme « éléments décisifs dans tous les modes de développement ». Comme on vient de le voir, le terme «information» caractérise « une forme particulière d'organisation sociale, dans laquelle la création, le traitement et la transmission de l'information deviennent les sources premières de la productivité, en raison des nouvelles conditions technologiques apparaissant dans cette période historique ». La complexité de ce projet, décrit par Manuel Castells, comme une « nouvelle morphologie sociale », nous poussent à regarder ce phénomène comme « un phénomène global », impliquant des exigences, notamment sur le plan de la formation de l'homme, qui débouchent naturellement sur la réforme des systèmes éducatifs visant à préparer les générations de demain, capables de prendre en charge ces nouvelles techniques. Et, c'est justement parce que l'Algérie est confronté à d'innombrables défis de développement qu'ambitionnent le plan de relance économique, le Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance, le Programme Spécial Complémentaire de Développement pour les wilayas du Sud et le Programme complémentaire de développement des Hauts Plateaux, qu'elle a plutôt intérêt à inclure les NTIC au nombre des préoccupations nationales, combinant sans cesse les NTIC comme élément capital d'accompagnement du développement et comme catalyseur de celui-ci. Et c'est parce que l'Algérie ne peut rester à la traîne en ce qui concerne l'utilisation de l'outil informatique, vu notre statut de consommateurs des NTIC, au lieu d'être des acteurs, qu'elle a plutôt intérêt à diversifier les actions de formation dans le domaine de l'informatique à tous les niveaux, en visant un impératif de développement.

Il est vrai, à juste titre, que certains estiment que l'appropriation des nouvelles techniques de l'information n'est qu'un élément, la formation et surtout l'éducation leur apparaissant tout autant essentielles.

Aujourd'hui, il ne suffit plus d'acheter un outil informatique, il faut comprendre ce que l'on peut faire avec et comment. A long terme, ces actions auront, sans nul doute, des conséquences profondes sur notre rapport à ce qui nous entoure, aux objets, à l'espace, au temps, aux autres, à nous-mêmes.



* Universitaire, ancien professeur à la Faculté des sciences politiques et de l'information d'Alger.






Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)