Algérie

Inflation Entre justes prix et justes salaires



S'il est vrai qu'au sein des ins-tances centrales de l'UGTA, on se réjouit du fait que la nouvelle grille de salaires de la fonction publique prenne effet dès janvier 2008, le sentiment d'un travail de longue haleine, remis en cause par une hausse généralisée des prix des produits de large consommation, reste quand même dominant. Et déjà on s'attelle dans l'entourage de Sidi Saïd à réfléchir à la meilleure manière d'atténuer les effets d'un véritable effondrement du pouvoir d'achat des travailleurs. Et ce n'est donc pas sans raison que la principale revendication du dernier congrès, celle d'un Smig à 15.000 dinars, revient au-devant de l'actualité syndicale pour constituer le challenge par excellence pour engager la course contre l'inflation. Car, du côté de l'UGTA, on déclare volontiers que l'objectif d'un SMIG à 12.000 dinars autour duquel les syndicalistes avaient engagé la bataille, constituait dans un contexte relativement stable de prix de produits de large consommation abordables, un acquis certain pour les travailleurs. Et pour cause, la barre des salaires à atteindre a été placée, dit-on, encore en fonction d'un pouvoir d'achat du travailleur qui restait dans les limites du raisonnable. Autrement dit, la centrale syndicale avait fonctionné dans sa stratégie d'amélioration du pouvoir d'achat avec les prix d'avant juillet 2007. Face à la dégradation du pouvoir d'achat, évidemment, la marge de manoeuvre syndicale ne peut aller au-delà de la revendication salariale et des indemnités de travail pour relativiser les effets de l'inflation en tendant vers une vérité des salaires. Mettre un frein à la hausse effrénée des prix, c'est manifestement l'affaire du gouvernement qui doit à un moment ou un autre, pour limiter les dégâts, se libérer du diktat de la liberté des prix imposés par le système de l'économie de marché. Ici, bien sûr, il n'est nullement question de faire valoir l'idée d'une administration des prix, mais de la possibilité de créer les conditions qui favorisent une vérité des prix. Une vérité des prix qui reste possible grâce à l'optimisation de mécanismes qui ne sont point à inventer, puisque ils existent déjà en Algérie et ayant fait leurs preuves sous d'autres cieux. Des économistes ont préconisé en ce sens, de mobiliser les moyens nécessaires à une connaissance précise des éléments qui déterminent les prix des principaux produits de large consommation mis sur nos marchés et réduire ainsi, grâce à un contrôle soutenu, toutes les manoeuvres spéculatives visant l'enrichissement rapide. C'est aussi une manière de réguler le marché, bien entendu si le gouvernement arrive à réduire sensiblement la part de l'informel dans l'économie. Et tout le monde s'accorde aujourd'hui à dire, que le marché se caractérise par une véritable anarchie qui s'écarte ostensiblement de la sacro-sainte loi de l'offre et la demande. Et ce n'est donc point une surenchère si des voix se sont élevées pour demander une valorisation du SMIG à hauteur de 30.000 dinars. Car, tout porte à croire qu'une revendication syndicale d'un salaire minimum de 15.000 dinars ressemblera avant même d'aboutir à une véritable complaisance, à l'égard des pouvoirs publics, dès lors que toute augmentation de salaire est vite rattrapée par une hausse des prix. Mais peut-on agir autrement du côté syndical, sachant que le gouvernement lui oppose un argumentaire qui assimile, malgré une embellie financière du pays, toute autre augmentation de salaire à une véritable gageure. A l'UGTA, on compte maintenir la pression, pour amener les pouvoirs publics à d'autres concessions sur cette question. Le point de la situation va être fait, dit-on au sein des instances centrales de l'UGTA, dès la semaine prochaine avec la réunion des fédérations.On se console à la centrale aujourd'hui, d'un succès transformé par la hausse des prix en semi-échec, en étant sûr que même si un retard est enregistré dans l'augmentation des salaires de la fonction publique qui doit normalement prendre effet dès janvier 2008, la chose est acquise, soutient-on, puisque tout retard induit l'effet rétroactif, cette mesure concerne l'ensemble des fonctionnaires et agents des institutions et administrations publiques, soit un effectif de 1.511 659 fonctionnaires et agents. Mais il semble bien que dans le secteur privé, cette augmentation reste une autre paire de manche, même si les syndicalistes préfèrent penser que les patrons privés vont suivre le mouvement. En effet, on se rassure à l'idée que le volet traitant de la question salariale du secteur privé a été bien ficelé après avoir fait l'objet de négociations entre les représentants des travailleurs et les patrons. Sauf que persiste la question de savoir jusqu'où iraient les patrons dans l'application des 20 % d'augmentation. Etant dit que le seuil de cette augmentation a été négocié à 10 %. Rappelons en ce sens, que l'annonce faite par la centrale syndicale, lors d'une première rencontre au sujet de l'acceptation de la coordination patronale d'une augmentation de 20 % des salaires des travailleurs du secteur, a été accueillie avec une certaine réserve par les organisations patronales. Ces dernières n'avaient pas manqué d'évoquer les spécificités économiques et financières des différents secteurs d'activités en Algérie.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)