Algérie

Industrie pharmaceutique: Ould Abbès contre la «dictature des grands laboratoires»



« Nous ne tolérerons plus la dictature des grands laboratoires pharmaceutiques», a déclaré hier le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, lors du séminaire international consacré au «Droit des brevets et ses implications sur le développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie», organisé par l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP).

 «Nous savons comment ça se passe», a-t-il ajouté sur le même sujet, dans une intervention improvisée, dans laquelle il a promis que l'Etat est décidé et disposé à «soutenir ceux qui fabriquent le médicament» pour «diminuer progressivement les importations» et atteindre l'objectif de « 70 à 80% de couverture des besoins par la production nationale ». Pour Ould Abbès, « certains ont profité de la situation de l'Algérie durant les années 90 pour s'accaparer ce gros marché ». Invité à donner plus de détails, le ministre nous a déclaré que des enquêtes seront menées auprès des producteurs de médicament pour savoir qui fait quoi exactement. « L'Algérie, qui dépense des sommes colossales pour l'importation de médicament, n'arrive à couvrir qu'à peine 38% de ses besoins par la production nationale. Nous voulons bien d'un partenariat avec l'étranger, mais avec un transfert de technologie. Il ne s'agit pas d'apporter le médicament, de se contenter de l'empaqueter ici, pour dire que nous produisons.          Mes collaborateurs vont faire une enquête sur le terrain, pour constater ce qui est produit réellement en Algérie et ce qui est mis en boîte seulement. Nous sommes décidés, dans le cadre du programme du gouvernement 2010-2014, à promouvoir une véritable politique du médicament, ne resteront sur le marché que ceux qui veulent véritablement produire algérien, peu importe que ça soit en partenariat avec les Français, les Américains, les Jordaniens ou autres, pourvu que la production nationale soit conséquente». De son côté, le représentant de l'industrie nationale médicament, Ammar Ziad, président de l'UNOP, estime « qu'il existe aujourd'hui, en Algérie, une capacité industrielle, publique et privée, en mesure de répondre, en quantité et en qualité, à une bonne part de la demande nationale ». Selon lui, les opérateurs du secteur sont « en mesure de prendre en charge effectivement la politique préconisée par les pouvoirs publics en faveur du développement du marché national du générique et, surtout, de garantir au cours des prochaines années, l'objectif fixé par le président de la République de parvenir à 70% de couverture des besoins nationaux de médicaments».

 Mais cette «mobilisation» nécessite un «ialogue sérieux» et une «concertation intelligente» entre ces opérateurs et les autorités, notamment en ce qui concerne certaines dispositions légales, ajoute M. Ziad. Pour le président de l'UNOP, «l'ordonnance de juillet 2003 (relative aux brevets), très largement inspirée des dispositions de l'accord ADPIC (sur les droits de la propriété intellectuelle liés au commerce) de l'OMC», accorde «une protection de 20 ans aux brevets d'invention», ce qui a des conséquences importantes «sur l'industrie développement futur de l'industrie nationale de manière générale, et sur la jeune industrie pharmaceutique algérienne».

«En adoptant cette législation, notre pays est entré dans un système mondial de protection des brevets dont les acteurs économiques nationaux n'ont, sans doute, pas mesuré complètement la signification et l'importance», précise M. Ziad. Le président de l'UNOP n'hésite pas à faire état de «nombreuses pressions» qui «sont exercées pour bloquer la procédure d'enregistrement du médicament ou pour empêcher sa commercialisation». «Ces pressions, ajoute-t-il, sont le plus souvent appuyées sur une méconnaissance de l'administration quant à la portée réelle du droit du brevet et, quelquefois, par de mauvaises interprétations qui en son données», affirme Ammar Ziad.

 Pourvu que le dialogue annoncé par le ministre de la Santé arrive à déminer le terrain pour aider réellement la production nationale à concrétiser le taux de couverture qu'on lui demande de réaliser.




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