Le ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham, est revenu hier sur les dossiers dont il a la charge. C'est lors de l'émission de «L'Invité de la matinée» de la Chaîne de la Radio nationale qu'il s'est longuement exprimé sur le dossier de l'automobile, en particulier, et de l'industrie en général.La première question à laquelle il a répondu est le cahier des charges qui sera prêt dans environ un mois et demi. Selon lui, «il ne s'agit pas d'un cahier des charges pour le montage automobile, mais un cahier des charges pour lancer une véritable industrie de l'automobile».
Ferhat Aït Ali, qui précise que «le montage automobile n'implique pas forcément la mise en place de l'industrie de l'automobile», a rappelé qu'«un groupe a voulu faire comprendre aux gens que le montage est une première étape pour entrer dans le monde de l'intégration».
«Cela ne répond à aucune logique», dit-il, avant de trancher que «ce n'est pas en lançant plusieurs marques de modèles, environ 60, qu'on peut mettre en place une industrie de l'automobile». «L'intégration ne se fait pas dans la dispersion», estime le ministre de l'Industrie et des Mines, qui donne l'exemple de certains pays qui ont investi dans ce secteur.
Avant, le modèle le plus répandu est qu'un investisseur local lance un partenariat avec un constructeur comme cela a été le cas de l'Iran et de la Turquie.
«Après les années 1990, il y a eu des délocalisations décidées par les constructeurs, parce qu'ils trouvent rentable de s'installer dans tel ou tel pays en raison du marché, et des conditions avantageuses en matière de main-d'?uvre locale à bon marché», explique Ferhat Aït Ali qui indique que de tels investissements (délocalisations) n'ont jamais été faits sur la demande des pays. Pour ce qui nous concerne, «il n'y a pas eu de vision», déplore-t-il.
«Notamment en matière du choix du premier partenaire, porté sur Renault», dit-il. «Est-il logique de choisir un partenaire qui a le même investissement à 300 km des frontières ouest du pays '» s'interroge le ministre avant d'enchaîner par une autre question : «Pensez-vous que ce partenaire qui produit chez nos voisins marocains, investissant presque dans les mêmes modèles, va consentir le même investissement à 300 km avec le même volume '» «Cela défie toute logique.
C'est du jamais-vu», assène Ferhat Aït Ali en soutenant que «c'est à ceux qui ont fait ces choix de nous expliquer sur quels critères cela a été décidé». Après cela, ajoute-t-il, d'autres projets sont nés, «mais ce ne sont pas des projets industriels».
«On peut même dire que certains d'entre eux sont fictifs», souligne-t-il. Qualifiant le montage de voiture de «supercherie», le ministre de l'Industrie et des Mines assure que «le nouveau cahier va définir les conditions, comme cela se fait dans le monde, d'une véritable industrie».
«Et si personne n'accepte le cahier des charges, soutient-il, le gouvernement algérien n'est pas dans l'obligation d'aller vers l'industrie de l'automobile au détriment de l'économie nationale.»
«Pour fermer, dit-il, le dossier de l'automobile, le cahier des charges répond aux conditions des investisseurs sérieux qui ont l'intention de mettre en place une véritable usine de production de voiture en Algérie.» Selon lui, «si les grands constructeurs ne veulent pas venir, on ne va pas les ramener à tout prix».
Ferhat Aït Ali est revenu, dans l'émission de la Radio nationale, sur l'exonération de droits de douane et autres taxes, les propriétaires recouraient même à la main-d'?uvre, dont la moitié des salaires était assurée par l'ANEM.
«Les voitures qui étaient cédées avant à 1 200 000 da sont vendues à 2 200 000 da», rappelle le ministre qui dénonce les marges allant jusqu'à 1 000 000 da. A une question sur la suppression de la règle 51/49, il a indiqué qu'elle était faite «pour faire fuir les investisseurs sérieux». «On a imposé des partenariats fictifs même dans l'électroménager sans aucune intégration.»
«Un vrai investisseur ne te donnera jamais des parts», affirme le ministre qui explique que «c'est plus qu'une histoire d'argent, c'est une affaire de brevets». «On veut créer des emplois à travers des investissements sérieux qui peuvent intégrer les marchés internationaux», a déclaré le ministre qui s'engage à mettre en place un vrai climat des affaires dans lequel se retrouveront tous les opérateurs sérieux.
Pour la relance économique et l'investissement, le ministre assure que cela «commence par la transformation des matières premières locales. Ce sont les industries de transformation qui impliquent un taux important d'intégration».
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Posté Le : 03/03/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Said Rabia
Source : www.elwatan.com