Algérie

Industrie de l'armement britannique L'Algérie, un marché prioritaire


Des députés britanniques viennent de signer une pétition demandant au gouvernement de suspendre les exportations d'armement vers certains pays dont le nôtre.
Tout le monde sait que la Grande-Bretagne a passé avec l'Algérie des contrats de vente d'équipements militaires. Les responsables des deux pays ont évoqué vaguement le contenu de cette transaction. Mais rien n'a filtré encore sur son contenu exact. Le deal comporterait la vente d'un certain nombre d'hélicoptères de combat.
Mais encore. Des députés du parlement britannique viennent de révéler, documents à l'appui, que l'Algérie figure désormais parmi les marchés prioritaires du Royaume-Uni en matière d'armement, à côté de l'Arabie Saoudite, du Pakistan, de l'Irak et des Emirats arabes unis. Les exportations vers notre pays ont connu un pic entre 2010 et 2011. Les contrats se sont concrétisés suite à la visite, à Alger, durant l'automne 2009, de Robert Ainsworth, ancien secrétaire d'Etat à la défense du gouvernement travailliste de Gordon Brown. L'arrivée au pouvoir en 2010 des conservateurs n'a pas freiné la coopération militaire avec l'Algérie.
En novembre de la même année, le premier ministre, David Cameron, a envoyé à Alger Alistair Burnt, ministre délégué auprès du Foreign Office, pour relancer les projets en commun.
À cette occasion, le responsable britannique avait exprimé le souhait des compagnies britanniques d'accompagner le programme de modernisation de l'arsenal de l'ANP. Il avait confirmé la commande d'hélicoptères à l'équipementier Augusta Westland et a espéré que 'de tels partenariats puissent progresser'. En ajoutant l'Algérie à sa liste de clients, la Grande-Bretagne vise à sauver son industrie militaire. Frappées de plein fouet par la crise économique qui sévit dans le pays, les usines d'armement sont menacées de fermeture. Il y a quelques jours, BAE Systems, un des leaders mondiaux de l'armement, annonçait la suppression de 3 000 emplois.
De son côté, Westland Helicopters doit sa survie à son rachat par le groupe italien Finmeccanica et compte désormais sur des marchés comme l'Algérie pour faire tourner ses machines. Salutaire pour les industriels, le rôle d'entremetteur endossé par le gouvernement britannique est, néanmoins, diversement apprécié par la classe politique. Au sein de la Chambre des communes, des députés viennent de lancer une pétition, demandant à l'exécutif de suspendre les exportations des équipements militaires vers des Etats, qualifiés d'anti-démocratiques.
L'Algérie figure dans leur liste. Selon ce groupe parlementaire conduit par les verts, le gouvernement se déjuge en fournissant des armes à des pays où il considère pourtant que les droits de l'homme ne sont pas respectés.
'Il y a un sérieux conflit moral', dénonce Caroline Lucas, l'initiatrice de la pétition. Elle évoque, par ailleurs, l'hypocrisie de David Cameron, qui a accompagné et soutenu le mouvement de rébellion en Libye alors que jusqu'à l'année dernière son gouvernement continuait à pourvoir en armes le régime de Kadhafi. Des contrats de 200 millions de livres avaient été signés en 2010. Il y a quelques semaines, des associations de lutte contre le commerce des armes ont organisé une manifestation pour dénoncer la présence à la foire de l'armement à Londres de potentiels clients, originaires d'Etats dictatoriaux.
Le ministère de la défense s'est empressé de réagir en affirmant que le Royaume-Uni n'a jamais autorisé des ventes d'armes à des Etats susceptibles de les utiliser à des fins oppressives ou dans un conflit régional.
S. L.-K.
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