Le peuple est conscient de sa force
Les prochains vendredis seront, à n'en pas douter, déterminants dans la marche des Algériens vers la solution.
Pour ce 14e vendredi de mobilisation, qui intervient à la veille de la clôture de la phase de retrait des formulaires de candidatures, les Algériens sont sortis en masse. Les manifestations étaient plus imposantes que les semaines précédentes, notamment à Alger où l'on a clairement vu une détermination assez visible. Il est entendu que dans cette volonté d'investir la rue en grand nombre, en tout cas, bien plus que les deux derniers vendredis, il y a un message qui a été transmis par le peuple aux décideurs. Il est en rapport direct avec la présidentielle prévue au 4 juillet prochain. Les Algériens, par leur mobilisation, proche des «grandes dates» du mouvement populaire, marquent leur détermination à empêcher pacifiquement le scrutin. Ils ont d'ailleurs, en grande partie, réussi dans leur entreprise à travers l'absence sur la liste des 74 candidats à la candidature de personnalités d'envergure. Ali Ghediri qui soutenait, il y a quelques jours, l'option d'une solution strictement constitutionnelle, a déclaré, hier, son intention de ne pas se présenter à l'échéance du 4 juillet prochain. Il reste dans la course, Belkacem Sahli, de l'ANR et Abdelaziz Belaïd, du Front El Moustakbel. Ces deux personnalités qui ont affirmé annoncer leur intention dans les jours à venir, ne représentent en aucun cas le spectre politico-idéologique de la scène nationale. De fait, la présidentielle est politiquement caduque et on voit très mal le Conseil constitutionnel valider le processus.
Les Algériens ont ainsi, fêté par anticipation, hier, une autre victoire de leur révolution, en attendant de l'entériner avec la proclamation officielle de l'annulation du scrutin par le président du Conseil constitutionnel. De fait, au 14e vendredi, le mouvement populaire est entré dans une nouvelle étape de son combat. Les prémices du prochain acte de la révolution s'est fait jour, hier, à travers la réclamation d'une figure nationale consensuelle pour conduire une transition démocratique. Le nom de Ahmed Taleb Ibrahimi, auteur de deux messages aux Algériens, dont un coécrit avec deux de ses compagnons et l'autre à titre personnel, est revenu avec plus ou moins d'insistance dans les marches.
Les prochains vendredis seront, à n'en pas douter, déterminants dans la marche des Algériens vers la solution qu'ils ont eux-mêmes préconisée. La forte mobilisation d'hier est un indice probant d'une prise de conscience quant à la nécessité de passer à la mise en oeuvre de la solution idoine, à la suite de long débats informels, mais débats quand même. L'on a clairement senti dans les marches, à Alger et ailleurs, la même détermination que celle qui a précédé le basculement dans la période que vit le pays depuis le 2 avril dernier. Le peuple est conscient de sa force, il en a fait la démonstration, hier, et continuera sur cette voie, jusqu'à obtenir ce qu'il veut, à savoir une présidentielle, organisée en dehors des symboles du système finissant.
Comme déjà constaté dans un passé récent, Il n'y a, à proprement parler, aucun bras de fer. Le train de la révolution avance inexorablement. Il fait quelques arrêts, pour jauger la situation, débattre et puis repart vers d'autres stations. Il semble, à voir la force des slogans, qu'il quitte la gare de l'article 102, pour foncer sur celle des articles 7 et 8 de la Constitution. A voir l'allure que prend la révolution, il est évident qu'aucune force ne pourra l'arrêter. Après l'annulation, quasi obtenue, de la présidentielle du 4 juillet prochain, le peuple aura face à lui d'autres acteurs politiques et institutionnels. Sa mobilisation, sa détermination et sa conscience politique élevée, l'amèneront à faire des choix, jusqu'à l'aboutissement de sa principale revendication, à savoir un Etat civil et démocratique. On en a d'ailleurs vu les prémices, hier.
Cette conviction, ancrée dans l'esprit de chaque manifestant constitue la meilleure arme dont disposent les Algériens dans leur marche vers un véritable miracle politique des temps modernes. Celui-ci consistera en la refonte profonde d'un système de gouvernance en quelques mois et sans effusion de sang. Il faut dire, à voir les obstacles, dépassés l'un après l'autre, sur le parcours de la révolution pacifique, qu'il serait très logique de prédire l'amorce d'une solution définitive à la crise, dans les tout prochains mois.
En fait, la mobilisation d'hier a été, à travers son intensité inattendue, la preuve par quatre que le peuple a de la ressource et sait où il va. Bien malin celui qui pourra expliquer le mécanisme politique ou autre qui fait actionner le peuple, mais il est clair que dans ce pays, existe une véritable conscience populaire. Et celle-ci n'est pas abstraite, puisqu'elle s'est exprimée ces 14 derniers vendredis et de façon éclatante, hier encore.
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Posté Le : 25/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com