Algérie

Individualisme et capitalisme «steppique»



«L'éleveur fait tout (…) pour préserver le droit d'utilisation permanent des terrains de parcours, note-t-il. Tous les espaces connaissent une dégradation inquiétante sans que les autorités n'en prennent conscience, de peur d'affronter des problèmes d'ordre tribal et politique (…)».
«Le pasteur a disparu de l'espace, laissant place à  des agro-éleveurs animés par des soucis d'intérêts au détriment des écosystèmes», constate-t-il.
Pour Yves Cuillerm — Le développement pastoral en Algérie, (1990) —, la régression du pastoralisme ne correspond pas à  un déclin de l'élevage : «un processus de concentration du cheptel s'est amorcé au profit d'une minorité». Ce processus présente, relève-t-il, une tendance générale à  la «bipolarisation», opposant une classe capitaliste en formation — et de plus en plus «extérieure» au milieu pastoral — à  une masse de bergers et de petits éleveurs. Riad Bensouiah : Pasteurs et agro-pasteurs de la steppe algérienne, (2005), estime, lui, que les vifs conflits sur les terres de parcours obéissent à  deux stratégies différentes. «Les plus aisés tentent, explique-il, d'avoir plus de pouvoir social afin de maximiser leurs profits, les plus démunis tentent de subsister grâce au maintien d'un élevage extensif (….)».   Ceux qui jouissent d'une position sociale importante s'arrogent ainsi l'exclusivité de l'accès à  certains parcours. Nedjraoui Dalila et Bédrani Slimane — La désertification dans les steppes algériennes, (2005) —,  rappellent que la dégradation des parcours steppiques est porteuse de pauvreté. Elle s'aggrave avec le relâchement des structures traditionnelles de gestion des parcours et leur transformation sous les effets de l'économie de marché. «La croissance des troupeaux a entraîné une concurrence accrue entre les éleveurs pour l'usage des parcours, suscitant une appropriation privative de facto de superficies de plus en plus importantes», observent-ils. La dégradation des parcours a fini par chasser de leur habitat traditionnel la plupart des petits pasteurs et agropasteurs, accentuant le processus de la désertification. Après plus d'un demi-siècle d'indépendance, le processus ne s'est pas arrêté, il s'est même amplifié.      
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