Algérie

Indispensable fil à la patte'


Symbole d'une époque, il est le fruit de la technologie. Non pas ce dérisoire fruit exotique nommé banane, et qu'on annonce moins cher pour bientôt (?). Ce fruit de la technologie, donc, est devenu indispensable. Smartphone sophistiqué ou portable plus ou moins récent, nous en avons tous un, et l'on s'imagine mal sans ce fil à la patte. En fait, c'est l'ami obligé dans la rue, au boulot, dans une salle d'attente ou en voyage. Ce petit boîtier magique, mais ô combien diabolique, a pris le pas sur tout. Il est appareil photo, caméra, agenda, guide, calculateur, dictionnaire, discothèque et plus encore, selon ses applications. Il est le complément, l'alter ego, la mémoire, bref, la prunelle des yeux. En mode normal, discret, vibreur, veille ou avion, il est toujours là pour les plus asservis. Il est même tout près, jamais bien loin, l'ami acheté pour?Il est le premier vers lequel on se tourne, quand il arrive quelque chose d'extraordinaire, de terrible, de surprenant, d'étonnant ou de simplement banal. Car avec les réseaux sociaux, cet autre appendice de communication diabolique, le boîtier magique permet d'avertir la terre entière de tout et de rien en même temps. Humbles et taiseux mis à part, ce sont désormais les héros du jour, qui informent leurs semblables de leurs moindres faits et gestes, selfies à l'appui, pour mieux épater la galerie. Ils leur confient de vive voix ou bien par écrit, des sentiments, des impressions et des anecdotes, des déplacements et des isolements, des échecs et des satisfactions. En réalité, l'ami intime, le confident, la famille, sont tout simplement remplacés par ces réseaux dits sociaux, et la flopée d'amis virtuels. Systématiquement, le portable éloigne des discussions réelles. Celles qui se tiennent heureusement encore en politique, en économie, en termes culturels ou en sociologie. Non, avec ce machin, on est isolé dans une bulle intime et étanche aux autres. Et, souvent, si on n'y prend garde, ça fait de vous un malotru, un goujat, un impoli, qui se moque de ceux qui sont proches. Faute de modération, on a le monde entier à sa portée et, curieusement, on efface de nos préoccupations notre environnement immédiat, à moins qu'il ne devienne la toile de fond d'un selfie, où l'on serait le premier plan, en toute indécence. Certains s'en rendent compte, d'autres pas. Ces derniers se muent en grands reporters, accros de l'info qui filment et envoient des nouvelles de ce qui est le plus sordide, le plus anodin, le plus futile qui soit. Ou bien, c'est le plus personnel et le plus intime, qui tient lieu de «new». Mais qu'importe, puisque la cohorte d'amis, souvent supposés, a été informée?
Aux yeux des timides avérés, ces horribles solitaires, l'objet star de la technologie est devenu insupportable, quand l'excès colle à ses basques. Il a fait basculer la formidable société humaine dans les bas-fonds absurdes et lugubres de l'individualisme obstiné, et, par extension, de l'incommunicabilité. Par bonheur, les sommes déboursées en forfait finissent par s'épuiser à la longue. A moins que ce ne soit une batterie qui rende l'âme. L'un dans l'autre, quand la technologie reprendra ses droits, condamnant certains hâbleurs au silence, on peut alors profiter de l'aubaine. A savoir trouver un interlocuteur crédible avec lequel il sera possible d'échanger, de vive voix ou par écrit, sur l'actualité réelle de ce qui nous entoure. Là, la communication prendra un sens sérieux?
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