Algérie

Indignation sélective



La situation au Proche-Orient ne peut s?accommoder du statu quo. Il y a une occupation, quoi que disent Israël et ses alliés. Mais on se demande à quoi jouent ces derniers en prenant souvent fait et cause pour l?occupant, croyant user de leur puissance pour réduire au silence tout un peuple. C?était déjà le cas durant toute la période qui a suivi la création, en 1948, d?Israël, sur la base d?une résolution des Nations unies. Et il a fallu attendre deux décennies pour que l?existence du peuple palestinien soit enfin reconnue. La résolution 242 de 1967 n?en parlait, quant à elle, qu?en termes de réfugiés. Mais entre les deux périodes, venait d?être déclenchée la lutte armée palestinienne, et le monde venait enfin de découvrir l?existence d?un peuple et toute une problématique. Et pourtant, la suite ne sera pas un exemple de linéarité. A son corps défendant, elle empruntera des chemins sinueux pour n?aboutir nulle part. Retour à la case de départ et avec cela, une plus grande amertume du peuple palestinien. Et ce monde, qui se fait le complice d?une injustice, trouvera une formule qui révélera son embarras quand Israël soumettra le territoire palestinien de Ghaza à un déluge de feu pendant près d?une semaine. Quand cela devenait excessif, certains disaient leur regret d?une telle situation. D?autres toujours constants, il est vrai, parlaient du droit d?Israël à la légitime défense. Du jamais vu dans les annales internationales. Un agresseur au statut avéré puisque établi par des dizaines de résolutions de l?ONU qui revendique un tel droit, c?est tout simplement une inversion des rôles. Les Palestiniens n?ont jamais occupé une quelconque parcelle de terre. Ils en ont été eux-mêmes spoliés, et contraints à l?exil ou à être parqués dans des camps de réfugiés. Le seul exercice auquel ils sont contraints, c?est celui de la survie. Ou alors de compter leurs morts. Il y a dix jours, plus de 120 Palestiniens, le plus jeune ayant tout juste deux mois, venaient d?être tués. Leur seul tort était de refuser la soumission et de combattre l?occupation et cela, après avoir été soumis à un blocus inhumain. Ce que les Européens connaissent, à moins d?accepter que ceux des leurs qui avaient combattu l?occupation nazie soient qualifiés de terroristes. Le monde se tait. Dans un exercice aussi vain que périlleux, il met les deux parties - Israël et les Palestiniens dos - à dos. Les Palestiniens avaient juré de venger leurs morts. Ils viennent de le faire, ne craignant pas aussi de se mettre à dos une partie des Etats de la planète qui viennent de montrer à quel point ils savent faire preuve d?indignation sélective. L?opération des Palestiniens à El Qods a été condamnée par les mots les plus durs, leur faisant même endosser l?échec éventuel d?un hypothétique processus de paix qu?ils sont décidément les seuls à voir venir. Ainsi donc, l?ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies, Zalmay Khalilzad, considère qu?« il y a une différence entre le meurtre d?étudiants en religion et les pertes civiles qui se produisent lors d?opérations militaires dont l?intention première n?est pas de tuer des civils ». Ou encore, l?Union européenne qui avait cru bon, il y a quinze jours, de dénoncer la violence des deux côtés, et qui a cette fois condamné « dans les termes les plus forts » l?attentat commis jeudi soir par des Palestiniens. Inutile de rapporter les réactions des Etats membres, tant elles sont identiques. Mais pourquoi, s?interroge-t-on, une telle position même devant la mort ? Il leur devient, par conséquent, difficile et même impossible de faire admettre quoi que ce soit devant autant de partis pris. De toute façon, ceux-là ont toujours tenté de contourner le fond de la question, et faire croire qu?elle relève de l?humanitaire. Quelle erreur !


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