Algérie

INDICES PAR MADJID BEKKOUCHE-La ruine à crédit



Il y a de cela quelques années, ce qui définissait les banques aux yeux du grand public se limitait à  des opérations de dépôt, de retrait, de gestion d'épargne et parfois de change. Mais aujourd'hui, cette perception a évolué au gré des changements qui se sont produits dans le paysage bancaire et financier. Le foisonnement de crédits de toutes sortes, de toutes les dimensions et à  toutes les conditions donne à  voir des banques où le grand public entrevoit des possibilités, pour lui offertes, d'accéder, à  travers l'emprunt bancaire, à  un mode de consommation inaccessible si l'on suppose la stricte référence à  ses revenus annuels ou mensuels. D'où un engouement, ces quatre dernières années, pour le crédit dont les vertus se sont révélées, pour beaucoup de consommateurs, quasiment salvatrices. Magique, le crédit permet brusquement d'acheter ce que l'on veut, de consommer à  sa guise, moyennant un remboursement à  tempérament dont l'échéancier est souvent bien étudié et la tranche périodiquement remboursable idéalement faite pour chaque catégorie de salariés. C'est ce qui explique que souvent, du côté des consommateurs –le plus souvent des ménages emballés par les perspectives ouvertes– le crédit apparaît comme un cadeau. L'est-il ' Est-il exclusivement cela ' Le crédit est en effet à  la fois un cadeau et un poison. Un cadeau pour peu qu'il soit mis à  contribution pour acquérir les indispensables à  la vie de tous les jours et pour peu qu'on ne passe à  un crédit qu'après avoir fini de rembourser le premier et pour peu, enfin, qu'on sache en garantir le remboursement pour ne pas risquer l'insolvabilité, souvent ruineuse et briseuse de ménages. Un poison quand on a fait tout le contraire de ce qui précède et quand on a, outre cela, choisi de l'investir pour acquérir des choses superflues que l'on n'acquiert généralement que sur du cash-flow qu'on destine à  ce genre de dépenses. La montée en flèche du nombre d'amateurs d'emprunts bancaires favorise d'ailleurs la création de nouvelles formules de crédits à  la consommation d'une excentricité qui étonne et l'on pourra, pour l'exemple, souscrire un crédit dit halal qui permet d'effectuer une Omra dans les Lieux Saints. Chez nos voisins Maghrébins, on peut se faire une idée de ce que pourrait devenir le crédit à  la consommation chez nous dans quelques années. Le fait de proposer un mouton de l'Aïd à  crédit en promotion et à  travers un affichage publicitaire, traduit bel et bien une conception du crédit qui a fini de mettre l'éthique et les valeurs sociales sous le paillasson, et qui se soucie exclusivement de consommation et de performance chiffrées des vendeurs de crédits.Le crédit est en fait un produit commercial qui se vend, car il rapporte de la valeur à  celui qui le conçoit et le diffuse, et ne profite à  celui qui le reçoit que lorsque celui-ci rationalise ses besoins et maîtrise ses impulsions de consommation. Autrement, ce n'est plus de la richesse que l'on s'offre par l'emprunt, mais bien de la ruine à  crédit. M.B.


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