Algérie

Indicede Madjid Bekkouche : La Grèce, l'UE et les «Etats-Unis d'Europe»



Ce qui est appelé, par euphémisme, la crise grecque, et qui n'est autre que la faillite financière d'un pays, a provoqué une onde de choc telle que la confiance des marchés mondiaux dans la stabilité monétaire de l'UE a été mise à  rude épreuve. Une défiance qui a affecté également le marché du brut, sachant que les situations de ce genre suscitent une tiédeur des marchés boursiers et un très fort ralentissement des transactions, les acteurs de ce circuit préférant temporiser ou modérer leurs ardeurs d'affaires, en attendant d'avoir davantage de visibilité. En fait, la crise grecque n'est pas le seul phénomène observable en Europe. Les craintes vont également en direction des autres pays, membres de la zone euro, en grande difficulté de financement, la crise économique mondiale ayant mis au tapis de nombreux pays européens qui avaient pâti d'avoir trop misé sur le système de Bretton Woods. Résistant pendant longtemps à  la pression des marchés, puis des banques, la Banque centrale européenne ou comme on aime à  l'appeler, la banque à  Trichet, a fini par se rendre à  la raison grecque et somme toute européenne, en se résolvant au rachat de la dette publique des pays de l'UE en grandes difficultés. Mais pendant que les pompiers de la finance européenne œuvrent à  endiguer une crise ponctuelle, les économistes, eux, s'interrogent sur les raisons qui ont généré le cas grec, à  savoir un pays membre de l'UE qui a géré et couvé en vase-clos une crise financière majeure. Et la réponse de se produire d'elle-même consistant dans le fait, encore une fois constaté, qu'il manque à  l'UE des institutions communes qui centralisent et contrôlent tout ce qui, en matière de gestions économique et financière, engage les intérêts de l'Union tout entière. En somme, il s'agit de l'absence d'un super ministère des Finances qui aurait le droit de regard sur des processus d'endettement, de gestion et d'allocation des dépenses budgétaires, et qui pourrait agir dans l'amont de la prévention, plutôt que sur l'aval du désastre financier. Au lieu d'affaiblir l'Union européenne, ces crises ne font, au contraire, que la renforcer, en promouvant l'idée d'un nécessaire élargissement des prérogatives de l'UE qui pourrait, à  terme, se voir déléguer, par voie législative, la souveraineté financière des Etats membres. Ce qui, moyennant également l'avènement d'un gouvernement fédéral de l'UE, donnerait un super Etat européen accompli, qui se dessinerait pratiquement comme les Etats-Unis d'Amérique, avec ses Etats pauvres et ses Etats riches. On a de la peine à  le concevoir et à  prendre les soubresauts qui secouent l'UE pour des rejets qui seraient des signes de recul. En fait, l'Union européenne est toujours en train de se faire, dans la douleur certes, et l'amertume des expériences financières désastreuses, mais constamment avec un esprit de sacrifice du grand noyau qui l'a conçue et qui entend la mener au terme de sa forme la plus accomplie, c'est-à-dire celle des Etats-Unis d'Europe. Les prix du pétrole sont, encore une fois, la proie des soubresauts que connaît l'économie mondiale. Un fait qui ne fait que confirmer la fragilité de ce marché et la très forte dépendance de la bonne santé de l'économie globalisée. Aujourd'hui, la crise se localise dans le navire économique de l'UE et elle a pour nom la Grèce.


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