Algérie

Indicede Madjid Bekkouche : L'UE par ses maillons les plus faibles



La crise financière européenne vaut, aujourd’hui, plus que jamais le détour. La chute de l’euro face au dollar, la plus importante depuis 2004, est le signe patent d’une situation qui n’a pas encore révélé tous ses éléments. Pourtant, personne n’augurait qu’un tel scénario puisse devenir réalité au moment où justement, le bon sens l’avait emporté, il y a quelques jours seulement, sur des mois d’hésitation que cette Europe désappointée, avait mis pour aller enfin au secours d’une Grèce bel et bien ruinée. La Grèce bénéficiant aujourd’hui, avec tous les Etats européens susceptibles de manifester des signes de faillite financière, d’un plan de sauvetage de 750 milliards d’euros, l’euphorie des bourses et les satisfecits de regain de confiance n’avaient pas manqué de pointer, par effet rétroactif, la grande inquiétude que la passivité des trésoriers européens avait générée des mois durant. Une euphorique satisfaction qui n’allait pas durer longtemps, puisque les marchés européens allaient de nouveau retrouver la morosité qui est la leur pour des raisons encore plus profondes que les craintes liées aux problèmes financiers de la Grèce. En fait, au moment où l’Europe déploie les plans de renflouement, et autant de stratégies de sauvetage des Etats en détresse, au nom du modèle socio-économique européen, ces mesures mêmes qui sont préconisées dans une finalité de sauvetage, sont celles-là mêmes qui obligent les Etats européens, cette fois-ci dans leur ensemble et non plus seulement les Etats en crise, à instaurer des politiques de rigueur budgétaire, voire même des mesures d’austérité financière. Et au vu des montants faramineux qui ont successivement été débloqués depuis le début 2009 à ce jour, il semble bien que la durée de cette rigueur budgétaire et de cette austérité, façon européenne, promette de prendre toute la décennie qui commence. Il faut reconnaître qu’il s’agit-là d’une fuite en avant dont le but est de sauver l’Union européenne et le système monétaire de l’euro, au prix d’une gestion socio-politique d’une longue période d’austérité que les populations de l’Europe ne sont pas prêtes à digérer et à assumer, surtout celles, françaises et allemandes, qui estiment n’avoir pas à supporter le prix d’une solidarité européenne qui sera, de toutes les façons et sur un très long terme, à sens unique. Pour toutes ces raisons et pour le fait inédit, depuis le plan Marshall, de l’ingérence d’une instance financière extra-européenne telle que le Fonds monétaire international (FMI) qui a avancé le tiers des 750 milliards d’euros du plan de sauvetage, les observateurs de l’Europe et de la chose économique et financière européenne sont incapables de se prononcer sur le sort qui sera, dans les prochains mois, celui du système de la monnaie unique, la monnaie d’un ensemble économique, pourtant triomphant, qui a prouvé qu’il était incapable de se gouverner par lui-même.


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