Indicede Madjid Bekkouche : L'économie mondiale dans le tumulte d'un monde qui change

S'il l'on s'en tient aux prospectives scientifiques qui sont l'œuvre de chercheurs mondialement reconnus en matière de réchauffement climatique, les dérèglements qui résulteront du fléau vont consister dans des manifestations naturelles sous leurs formes les plus violentes et les plus catastrophiques : inondations, ouragons, sécheresse, etc., dont la fréquence grandissante finira, à  terme, par structurer la réalité socioéconomique du monde. Pour les cinquante prochaines années, l'économie mondiale qui vient de sortir d'une crise qui a failli l'emporter, devra déployer des efforts formidables d'adaptation et de créativité pour ne pas flancher sous les contrecoups d'une telle réalité. Et en fait de réalité, l'économie mondiale ne sera pas seulement confrontée aux effets néfastes du réchauffement climatique, mais également à  un déséquilibre énergétique majeur qui creusera davantage les clivages entre le nord et le sud et qui sera une source de conflits permanents. Les prospectivistes de l'économie qui s'intéressent à  ce genre de scénario catastrophe et qui semblent ne pas àªtre trop pessimistes, ne veulent plus parler d'économie mondialisée au sens où l'est l'économie d'aujourd'hui. Ils préfèrent à  cette terminologie celle d'une économie de la catastrophe au sens où l'économie de demain sera une économie de crise ou ne sera pas. A associer effets des dérèglements climatiques et impuissance énergétique, on obtient là en effet les ingrédients d'un état de crise mondiale permanent auxquels la seule possibilité de faire face consiste à  ériger l'économie mondiale selon un modèle nouveau adapté à  son contexte, conçu, dans ce cas-là, dans une logique, non plus de prospérité, de performance ou de compétition, mais dans une logique strictement de survie.Jusque il y a quelques années, des scénarios de ce genre prenaient souvent, aux yeux de la majorité, y compris des acteurs politiques et économiques, les contours romanesques d'une fiction d'anticipation. Aujourd'hui, la réflexion autour du modèle socioéconomique de demain n'ignore plus le caractère irréversible des effets du réchauffement climatique et celui imminent d'une crise énergétique majeure, et les sceptiques d'hier prêtent de plus en plus l'oreille à  des lectures qui ne sont plus perçues comme des prophéties. Considéré sous l'angle de la catastrophe, l'avenir ne laisse plus de place à  l'économie telle que nous la connaissons aujourd'hui. Comment une place boursière qui s'effondre sous l'effet d'annonce d'un conflit régional peut-elle survivre à  des soubresauts planétaires permanents ' Comment l'économie de la catastrophe peut-elle laisser survivre les assurances et les banques dans un monde où le risque n'est pas une possibilité aléatoire, mais la condition même de la logique de la survie '