Ce phénomène est d'autant plus courant, qu'il est plus fréquent au sein des économies où les mutations n'ont pas encore fini de structurer, de façon homogène, les différentes activités économiques de sorte à ce qu'elles soient toutes amarrées au même navire. D'où les dichotomies qui caractérisent la chose économique et le discours sur la chose économique.Ainsi, ce qui va pour l'activité d'importation, ne va pas du tout pour l'activité d'exportation. L'apparente contradiction, entre les deux activités, que nous suggère notre perception d'Algériens, est fausse, car nous nous représentons ce que ces activités impliquent comme enjeux antinomiques pour notre pays, et non le rôle complémentaire qu'elles jouent l'une par rapport à l'autre, les deux étant, après tout, relativement tout aussi solidaires, l'une que l'autre, de l'activité nationale de production. En faisant ainsi la part des choses, nous arriverions à accepter l'idée selon laquelle, loin de diaboliser l'importation, nous engageons une lutte sans merci contre ses excès, et les effets inhibiteurs qu'elle exerce sur l'ensemble des opérateurs qui évoluent dans son sillage, dont le penchant, au lieu de privilégier l'initiative créatrice de valeur économique et d'emplois pour le pays, est au négoce inconditionnellement voué à importer des produits de par le monde pour inonder le marché algérien.Cet exemple étant le plus représentatif de cette phénoménologie du discours économique et du discours sur l'économie, une panoplie d'autres activités peuvent àªtre convoquées pour àªtre représentées dans cette conflictualité, somme toute stérile, qui mine la cohésion nécessaire à l'émergence d'un environnement économique sain et solidaire. Prolongeons l'approche en la soumettant à l'épreuve de ce qui est aujourd'hui le modèle qui symbolise l'économie de marché en marche. N'est-il pas vrai qu'on vit toujours une espèce de dichotomie privé/public qui donne l'impression que le pays se divise en deux avec, d'un côté des opérateurs indépendants et, de l'autre des opérateurs dépendants de l'Etat ' Cela en oubliant que les personnes qui créent ces entreprises et celles qui y perçoivent un salaire sont des Algériens au même titre que ceux qui activent dans les entreprises publiques. Cette perception n'est pas celle de l'Etat qui, bien que propriétaire des entreprises publiques, n'en est pas moins l'Etat régulateur, impartial, présent dans la sphère économique pour l'organiser, la réguler et la préserver des phénomènes qui dépassent et impliquent ses acteurs. C'est une perception qui subsiste de l'ancien système, à l'état latent, dans la culture populaire et qui a tendance à remonter épisodiquement vers la sphère économique pour devenir polémique et hélas aussi stérilisante. Il n'y a pas d'antinomie possible entre les espaces vitaux de l'économie, il n'y a de contradictions que dans les tiraillements qui caractérisent les acteurs économiques eux-mêmes, qui n'ont pas encore tous compris que pour préserver leurs activités du naufrage, c'est tout le bateau Algérie, dans lequel ils sont embarqués, qu'ils doivent préserver.
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Posté Le : 21/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M.B.
Source : www.horizons.com