Indice de Madjid Bekkouche : Qui manipule les produits maraîchers '

Il semble bien, en effet, qu'on soit en face d'un phénomène qui s'impose du fait d'un processus de réhabilitation des réseaux de commercialisation et de distribution qui n'a pas encore produit ses résultats. Les consommateurs sont déconcertés par ces cycles répétés de cherté qui accablent les plus démunis et qui déséquilibrent les bourses des ménages en quête de stabilité budgétaire, et s'attendent à  ce que cette question soit prise en charge.  Ce qui est regrettable, c'est que cet épisode de cherté, dans un contexte de rentrée sociale assez éprouvante, a complètement fait oublier les bonnes performances du secteur agricole qui a eu le mérite cette année de réaliser des chiffres en culture céréalière, les meilleurs jamais réalisés auparavant, d'autant plus que ce même secteur est en train de consolider ses moyens de maîtrise en matière de développement et de gestion des filières, dans le cadre de l'effort de conforter des agriculteurs que les pouvoirs publics tentent de sédentariser dans les activités agricoles stratégiques, notamment par les moyens de mécanismes de subventions, de soutien et de financement via des taux de crédits bancaires bonifiés. Il reste que l'activité commerciale, essentiellement dans la sphère des produits agricoles, demeure otage des intermédiaires dont la multiplication et l'avidité font souvent que du producteur jusqu'au détaillant, il y ait une majoration des prix de l'ordre de 60 à  70% qui affecte à  l'aval la marge des détaillants, eux aussi tentés d'augmenter leurs marges bénéficiaires dans l'élan de cette logique de surenchère pour qu'au bout du circuit le consommateur se retrouve, parfois du jour au lendemain, contraint de payer au double ce que la veille il achetait à  un prix plus ou moins abordable.Comment endiguer cette manipulation forcenée et inacceptable des prix ' C'est la question à  se poser et à  poser aujourd'hui. A ce titre, il ne s'agit pas de créer, de nouveau, le fil à  couper le beurre, mais tout simplement de procéder à  des réaménagements classiques des filières de manière à  réduire le nombre des intermédiaires qui pénalise les consommateurs. Cela en installant des marchés de gros qui seraient, ensuite, relayés par le plus grand nombre de marchés de proximité, de manière à  avoir un marché par quartier. Les dépôts frigorifiés qui ont, au fur et à  mesure des expériences et des épreuves, augmenté leur capacité de stockage, ne permettent plus la rareté des produits maraîchers lorsque surviennent les intempéries ; ce qui a, dans le contexte actuel, permis d'incriminer les seuls responsables de cette flambée des prix : les intermédiaires et les commerçants.