Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Quand le pétrole coûtera plus cher ou ne sera plus



Les crises cycliques du marché pétrolier depuis le début des années 1970 ont montré comment les hauts et les bas qu'a connus le baril pouvaient refléter une guerre d'intérêts entre les pays grands consommateurs et les pays exportateurs de pétrole, sachant bien-sûr que le déséquilibre a été, historiquement, en faveur des pays industrialisés. Ce n'est pas pour rien que nous avons connu deux décennies où le pétrole a été bradé comme une matière première, quand, par ailleurs, il devait àªtre mieux valorisé en tant que source énergétique sans autre alternative économiquement et technologiquement viable. En dehors des manipulations des spéculateurs boursiers, des tensions géopolitiques et des effets de récession économique, la ressource énergétique fossile est appellée à  connaître une hausse structurelle de sa cote sur le long terme. Cela même si, comme alternative, les pays industrialisés semblent proposer les énergies renouvelables. Une alternative sérieuse, certes, mais qui ne peut valoir que dans trois à  quatre décennies, lorsque le coût d'extraction du pétrole et donc aussi le prix du baril auront atteint des niveaux qui poussent à  recourir aux énergies alternatives, et surtout, lorsque l'épuisement des énergies fossiles ne laissera plus d'autre choix que de faire face au coût prohibitif des renouvelables. Les pays de l'Europe occidentale, notamment la France et la Belgique, qui ont investi des sommes imaginaires dans la recherche nucléaire, voudraient présenter cette alternative comme la plus accessible et d'un coût relativement le moins prohibitif. On imagine l'emprise technologique et sécuritaire que ces pays auraient sur leurs clients du Sud s'ils venaient à  devenir des fournisseurs de nucléaire. Ce serait le point culminant du néocolonialisme façon Vieux continent. Cela est d'autant plus vrai qu'on voit mal un développement du nucléaire civil, dans une perspective électro-nucléaire notamment, sans une résolution de questions telles que la gestion à  une échelle géologique des déchets et de l'insuffisance, à  l'échelle mondiale, du combustible. Cette perspective étant ce qu'elle est, la piste du solaire demeure la plus salutaire politiquement, puisqu'elle permet au Sud de préserver sa souveraineté en étant un partenaire du Nord dans la concrétisation de cet objectif : le soleil et les étendues désertiques moyennant le savoir-faire et la technologie. Et c'est grâce à  la hausse structurelle du pétrole que la marche vers le solaire se fera plus rapidement et cela pour deux raisons. Primo, on ira, côté importateurs de pétrole, plus vite vers les renouvelables quand on achètera beaucoup plus cher son baril. Deuzio, on arrivera, côté exportateurs de pétrole, à  financer l'effort de conversion vers le solaire. Quoi qu'il en soit, tout ce qui fait bouger actuellement le monde, y compris en matière de gestion des conflits et de focalisation géostratégique, est motivé par une volonté d'accaparement des routes et des ressources énergétiques par les puissances, car aucun pays n'a envie de gérer, avant les autres, le chaos économique et social que devrait provoquer une crise, peut-être encore lointaine, mais inéluctable, d'approvisionnement en énergie.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)