Ce qui arrive, en ce moment, à un constructeur automobile japonais réduit à rappeler des millions de véhicules pour rattrapper un défaut de conception, n'est pas sans pointer un des aspects pour lesquels des mouvements associatifs se sont battus durant des décennies, et qui continue, au jour d'aujourd'hui, de mobiliser des centaines de milliers de personnes de par le monde. Il s'agit, bien entendu, de la protection des consommateurs, un système qui atteint un niveau de rigueur et d'efficacité dans les sociétés occidentales, à telle enseigne qu'il ne se passe pas un jour, dans une grande surface, sans qu'un fabricant ne rappelle son produit, qu'un consommateur ne saisisse les autorités sur un défaut dangereux ou que l'autorité de régulation n'exige le retrait d'une marchandise défectueuse. Cette veille qualité, salubrité, sécurité et conformité n'est pas née spontanément. Elle est le fruit d'une complémentarité formidable entre les différents relais de l'Etat, notamment les institutions publiques et les mouvements associatifs, dont le pouvoir d'action, l'influence et la capacité de mobilisation ont fini par faire penser qu'il faille toujours compter avec ces acteurs incontournables et implacables, susceptibles, sur simple dénonciation de méfaits, de défaire des réputations à l'échelle planétaire. Cette tradition installée en Occident n'implique nullement une relation conflictuelle entre les consommateurs et les associations d'une part, et les industriels d'autre part. La veille associative et des consommateurs, ainsi que les démarches de retrait ou de rappel des produits défectueux participent d'une dynamisation de l'interaction entre les industriels, les distributeurs et les consommateurs dans le cadre d'un processus à deux aboutissants, à savoir, en premier lieu un consommateur protégé et une crédibilité de l'action associative et des pouvoirs publics renforcée et, en second lieu, des industriels œuvrant à la qualité irréprochable de leurs produits, en ayant en vue, non seulement leur processus qualité, mais également ce système de veille qui se situe bien en aval et qui sanctionne chèrement les erreurs. Ne voilà-t-il pas un modèle de production et de consommation qui devrait inspirer les acteurs économiques, sociaux et institutionnels dans notre pays ' Il faut le dire, pour qu'une réalité de cette dimension advienne chez nous, il lui faut une première condition sans laquelle elle n'a aucune chance de voir le jour et d'évoluer, à savoir une population de consommateurs engagés qui milite dans le cadre associatif, d'abord pour élargir son audience et sensibiliser la majorité autour des enjeux liés à la préservation et la protection des consommateurs et, ensuite, pour agir et faire agir dans le sens d'une veille de consommation qui serait si forte et si présente qu'elle ne pourrait alors que susciter l'aval et la complicité active des pouvoirs publics. Les effets d'un tel mouvement : sans avoir à inventorier les milliers d'effets que cela aurait sur notre consommation quotidienne, il suffit peut-être de dire qu'on n'aurait plus de racketteurs dans la rue à l'affût d'automobilistes qui se garent, plus de pain sous les pots d'échappement, plus de produits périmés sur les trottoirs et les étals des commerçants et, surtout…plus de consommateur qui avale n'importe quoi !
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Posté Le : 00/00/0000
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. B.
Source : www.horizons.com