Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Produire ou consommer, quels enjeux '



A se poser, en tant que nation, la question de savoir ce que nous sommes à  la consommation et ce que nous sommes à  la production, nous viendraient à  l'esprit les vraies considérations qui autorisent de penser, dans une société en devenir, le lien dynamique entre ce que nous devons àªtre et ce que nous sommes aujourd'hui. Nous sommes des consommateurs qui devons absolument produire pour pouvoir continuer de consommer. Si nous devions choisir de hiérarchiser les étapes socio-économiques que doit traverser l'Algérie, nous passerions volontiers d'une phase de production à  une phase de consommation, et non l'inverse. C'est là un choix tout à  fait naturel, car il est, historiquement, la voie, par excellence, qui consacre la souveraineté économique d'un pays, quand, par ailleurs, elle a permis la suprématie industrielle de l'Occident, dont les économies illustrent le parfait exemple de l'équilibre entre le devoir de produire et le droit de consommer. A ce dernier titre, cette relation dialectique à  partir de l'éthique du devoir et du droit, pousse à  se demander si, au-delà d'un certain seuil et au-delà d'un certain niveau de consommation, il n'est pas permis d'endiguer la tendance, sachant que le devoir de produire est la condition du droit de consommer, surtout lorsque cette consommation déborde les limites du nécessaire pour s'exprimer dans le domaine du superflu. Il n'est pas question de suggérer ici une prohibition de la consommation, mais de donner à  réfléchir, pour un pays comme l'Algérie, sur les enjeux d'une recherche d'équilibre entre, d'une part ce que nous produisons et ce que nous consommons, et d'autre part entre ce que nous produisons et ce que nous importons. En fait, tout l'effort de développement économique qui se mène actuellement est orienté vers l'ambition de création de richesses nouvelles, c'est-à-dire vers des ambitions de production. Ce qui n'a pas exclu pour autant que l'on pensât, tout au long des dernières années, à  hisser le niveau de consommation de manière à  atteindre un seuil de décence sociale, autrement dit un niveau de consommation acceptable. Ce qui dévoie cette dialectique de la productivité et de la consommation et la dynamique qui pourrait s'installer entre les deux, c'est l'entrée, de plain-pied, de l'Algérie dans l'économie de marché avec ce que cela implique en termes d'offensive commerciale internationale, de compétition féroce sur les produits locaux et de promotion d'une certaine culture de la consommation qui n'a pas, pourtant, pour s'installer, son équivalent en richesse nationale. Alors, à  défaut d'avoir eu, à  un moment de notre histoire, à  choisir d'être productifs avant d'être consommateurs, le défi à  relever, aujourd'hui, est d'assimiler définitivement le principe qu'on ne peut jouir du droit de consommer, sans assumer celui, sine qua non, qui est le devoir de produire.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)