Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Pour une économie des accidents de la route



Est-il possible d'observer le phénomène des accidents de la circulation sous une optique économique ' Certainement que oui. Il est même recommandé de procéder préalablement ainsi en vue de savoir sous quel angle approcher idéalement un fléau pour plus de compréhension, mais aussi pour plus d'efficacité financière. Les routes se construisent et requièrent donc du temps et beaucoup d'argent pour leur édification. La voiture, mythe de la modernité par excellence, est le reflet d'une certaine aisance financière, mais son acquisition reste, pour beaucoup de gens, un véritable effort d'investissement que justifie un besoin social déterminé. Routes et véhicules sont donc le produit d'une budgétisation institutionnelle et individuelle et participent de la dynamisation des activités humaines. Ce qui n'est pas budgétisé, en revanche, ce sont les dépenses «accidentelles» supportées par les pouvoirs publics dans la prise en charge des dizaines de milliers de blessés annuels soustraits à  la mort, alors que cette dernière a déjà eu le temps de moissonner plus de 4 000 victimes. Aujourd'hui, à  force de renforts statistiques, on sait le nombre de morts qu'il y aura sur nos routes et le nombre de milliards de dinars qu'on va dépenser pour supporter les charges médicales et sociales de cette hécatombe. Economie, diriez-vous ' La réponse est toute trouvée. Plus de coercition, des amendes plus chères, des PV qui font se dresser les cheveux sur la tête des contrevenants, une action qui se fasse dans la continuité et non plus dans le cadre de la campagne occasionnelle et spectaculaire, pour marquer les conducteurs, et le tour est joué. On obtient des automobilistes intimidés qui intègrent la donne coercitive comme une menace pour leur épargne, et on récolte des fonds importants pour financer une politique de prévention et de sensibilisation autrement plus efficace et plus générale. Plus d'un milliard de dollars. Voilà ce que coûte -outre ses lots de morts et de blessés par milliers- le terrorisme routier à  l'Algérie chaque année. L'économie la plus optimisée consisterait à  budgétiser, au quart de ce montant, une action de prévention et de coercition avec des équipements conséquents (radars, mouchards, caméras, etc.) qui ramèneraient, moyennant une mobilisation conséquente et adaptée, le milliard de dollars à  sa stricte moitié en une année d'action forcenée. Sur le moyen et long terme, cet acquis économique et humain permettrait de doubler le budget de la prévention et de maintenir l'action coercitive qui continuerait d'exclure des réseaux routiers ceux qui n'en respectent pas les codes de conduite. Sur tous les manuels scolaires, on financerait des textes d'excellente qualité qui prépareraient les générations futures à  mieux se conduire sur les routes et à  mieux répondre par le civisme et non par la coercition. Mais que ferions-nous du demi-milliard de dollars soustrait aux sinistres ' Construisons et entretenons les routes. Cela participerait du même effort de prévention.


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